La France, l'OTAN et la sécurité européenne : statu quo ingérable, renouveau introuvable
Entre 1947 et 1997, soit pendant cinquante ans, la recherche par la France d’un nouvel équilibre entre l’Europe et les Etats-Unis en matière de sécurité est restée largement vaine. Il faut attendre le rapprochement entre Paris et Londres, consécutif à la guerre de Bosnie, et la déclaration de Saint-Malo, qui laissait présager une révolution des relations transatlantiques, pour que cette ambition trouve un début d’aboutissement. Mais, si Paris et Londres étaient d’accord sur le principe de l’équilibre, ils ne l’étaient ni sur le contenu ni sur sa mise en œuvre. Et l’avènement de l’Administration Bush, puis le 11 septembre, ont bouleversé à la fois les structures et les concepts de l’Alliance atlantique. C’est dans ce contexte que la France, tout en renforçant ses capacités militaires, s’oppose à la nouvelle doctrine américaine de guerre préemptive et use de sa qualité de membre des grandes organisations multilatérales pour faire contrepoids, non sans succès parfois, aux Etats-Unis. Mais elle aura une fois de plus besoin, pour réussir dans cette nouvelle entreprise de rééquilibrage entre l’Union européenne et les Etats-Unis, de la coopération de la Grande-Bretagne.
Jolyon Howorth est professeur de politique européenne à l'Université de Bath et chercheur associé à l'Ifri.
Ce contenu est disponible en anglais - France, NATO and European Security: Status Quo Unsustainable; New Balance Unattainable?
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesL’essor du programme spatial taïwanais : Construire une industrie, soutenir la sécurité nationale
Taïwan, connu pour son leadership dans le domaine des semi-conducteurs et des technologies de l’information et de la communication (TIC), fait aujourd’hui des progrès significatifs dans l’industrie spatiale. Bien qu’historiquement modeste, le programme spatial taïwanais s’est transformé depuis 2020, sous l’impulsion de la présidente Tsai Ing-wen qui s’est engagée à développer les capacités spatiales du pays. Parmi les étapes clés figurent l’adoption de la loi sur le développement spatial et la création de l’Agence spatiale taïwanaise (TASA), qui a renforcé les ressources et la visibilité des ambitions spatiales de Taïwan.
La surproduction chinoise de puces matures : Des craintes infondées
La Chine, plutôt que d’inonder le marché mondial des semi-conducteurs à technologies matures, s’en dissocie. Si les politiques industrielles chinoises favorisent de plus en plus la production nationale de semi-conducteurs, sa propre demande en puces, en constante augmentation, devrait empêcher une arrivée massive de puces chinoises à bas prix sur les marchés étrangers. Cependant, à mesure que Pékin progresse dans son objectif de réduire la dépendance des industries nationales aux puces étrangères, les entreprises européennes et américaines de semi-conducteurs à technologies matures pourraient ressentir les effets d’un écosystème de semi-conducteurs chinois de plus en plus « involué » (内卷).
La Chine en quête d'un saut quantique
La course mondiale pour exploiter les sciences quantiques s'intensifie. Reconnaissant le potentiel stratégique des technologies quantiques pour le développement économique, militaire et scientifique, la Chine concentre ses efforts sur des percées scientifiques afin de rééquilibrer le rapport de force, notamment dans sa compétition avec les États-Unis. Le président Xi Jinping a souligné l'importance de l'innovation scientifique, en particulier dans les domaines quantiques, pour stimuler le développement national et garantir la sécurité.
L’approvisionnement énergétique de Taïwan : talon d’Achille de la sécurité nationale
Faire de Taïwan une « île morte » à travers « un blocus » et une « rupture de l’approvisionnement énergétique » qui mènerait à un « effondrement économique ». C’est ainsi que le colonel de l’Armée populaire de libération et professeur à l’université de défense nationale de Pékin, Zhang Chi, décrivait en mai 2024 l’objectif des exercices militaires chinois organisés au lendemain de l’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. Comme lors des exercices ayant suivi la visite de Nancy Pelosi à Taipei en août 2022, la Chine avait défini des zones d’exercice faisant face aux principaux ports taïwanais, simulant de fait un embargo militaire de Taïwan. Ces manœuvres illustrent la pression grandissante de Pékin envers l’archipel qu’elle entend conquérir et poussent Taïwan à interroger sa capacité de résilience.