Le multilatéralisme et la fin de l'Histoire
Le multilatéralisme porte-t-il en lui la 'fin de l'Histoire'? Selon cette vision, la paix perpétuelle serait à portée de main de l'humanité grâce à la convergence de la multiplication des échanges, de la diffusion de la démocratie et de l'institutionnalisation des relations internationales. Or, le multilatéralisme, application des principes démocratiques aux rapports interétatiques, vise précisément à créer, grâce à des 'contrats' (ainsi les pactes onusiens), une société des États.
Néanmoins il bute sur deux difficultés de fond. En premier lieu, les réalités étatiques elles-mêmes, les inégalités entre États, font que, quelle soit sa dynamique égalitaire, le multilatéralisme ne peut effacer le cœur même des États et, d'abord, leur volonté de garder le contrôle de la force légitime – en particulier militaire. En second lieu, le multilatéralisme se veut universel: or, en s'efforçant d'intégrer tous les États dans une même rationalité, il n'en est pas moins occidental. Dans un avenir prévisible, le multilatéralisme, tout en contribuant à discipliner et à civiliser les États, n'est pas et ne peut pas être la paix perpétuelle. L'Histoire continue.