Les espoirs déçus du désarmement nucléaire
En 2011, plus de deux décennies après la fin de la guerre froide, les arsenaux du monde comptaient encore plus de 20 000 armes nucléaires. Comment comprendre la persistance de ce que certains associent déjà à un ordre ancien et dépassé ? Après une quinzaine d"années essentiellement focalisées sur le nécessaire renforcement du régime de non-prolifération nucléaire, les initiatives replaçant le désarmement nucléaire en bonne place des préoccupations de la communauté internationale se sont multipliées depuis 2007. Si le but du désarmement nucléaire est apparu sitôt la bombe incorporée aux arsenaux des grandes puissances, ces initiatives récentes se distinguent des premières propositions par les efforts de pragmatisme qu"elles déploient, à travers la proposition de plans d"action dépassant le stade des injonctions déconnectées de la réalité ou du vœu pieux. Lorsque Barack Obama est élu président des États-Unis d"Amérique, il fait sienne une partie de la rhétorique du mouvement en faveur d"un " monde sans armes nucléaires " et nourrit des ambitions considérables, prévoyant par exemple de faire ratifier par le Congrès le Traité d"Interdiction Complète des Essais nucléaires (Comprehensive Test Ban Treaty, CTBT), et de réussir là où Bill Clinton avait échoué en 1999. En s"emparant de la cause du désarmement nucléaire, le président des États-Unis a conféré à cet objectif une visibilité et une légitimité qu"il n"avait pas eues depuis longtemps, espérant ainsi réduire la menace nucléaire en adoptant une attitude exemplaire. En raison de cette orientation prise par l"Administration Obama, et de la place unique des États-Unis dans le monde, le sort de cet élan en faveur du désarmement nucléaire apparaît directement lié à la politique nucléaire américaine.
Au terme d"un premier mandat de Barack Obama, ce leadership assumé par Washington sur le désarmement nucléaire n"a pourtant abouti qu"à des résultats limités. Qu"ils soient de nature interne ou externe, les obstacles au désarmement demeurent nombreux et colossaux. Ils nous ramènent à un constat difficile à dépasser : les armes nucléaires sont plus que les symboles d"une confrontation passée. Dans un monde où la sécurité des États semble - à tort - uniquement soumise à des menaces de nature asymétrique, les armes nucléaires sont encore considérées comme utiles par leurs possesseurs, particulièrement lorsque ces derniers se trouvent en situation d"infériorité militaire.
Pour acheter l'article sur CAIRN, cliquez sur ce lien.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesEntre ambitions industrielles et contribution à l'OTAN, les défis de la European Sky Shield Initiative
La guerre en Ukraine et la reconnaissance de la Russie comme principale menace pour la sécurité européenne poussent les Alliés à réinvestir dans leur défense sol-air et antibalistique.
Les mots, armes d'une nouvelle guerre ?
Les Mots armes d’une nouvelle guerre rappelle une vérité souvent oubliée : les mots tuent. Ils préparent l’action militaire et lui donnent un sens. Alors que chaque événement retentit désormais dans le monde entier, répercuté de smartphone en smartphone ou d’ordinateur en ordinateur, tout acte de guerre tend à devenir un acte de communication, et inversement. Les états-majors l’ont aujourd’hui bien compris et se saisissent de cette guerre des récits faite d’armes immatérielles pour intimider des ennemis, rassurer ou galvaniser des opinions publiques chauffées à blanc par le flot d’images reçues sur les réseaux sociaux.
Après la mort de Nasrallah, quelle stratégie régionale pour l’Iran ?
Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a été tué dans une frappe israélienne à Beyrouth le 27 septembre. La milice et son dirigeant étaient considérés comme le fer de lance de l’Axe de la Résistance, cette coalition de groupes miliciens majoritairement chiites qui sont au coeur de la stratégie régionale de l’Iran.
Devenir secrétaire général de l'OTAN. Entre critères objectifs, coutumes et homogénéité
Après dix ans à la tête de l’OTAN de 2014 à 2024, un record de longévité dû au contexte particulier de la guerre en Ukraine, le Norvégien Jens Stoltenberg quitte ses fonctions de secrétaire général. Son successeur, choisi par les chefs d’État et de gouvernement des États membres, sera Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas pendant près de quatorze ans. Cette nomination invite à questionner les critères et les logiques de sélection des secrétaires généraux, alors que de nombreuses études démontrent l’importance significative du secrétariat international et le rôle croissant du secrétaire général dans le fonctionnement interne de l’Alliance.