Rivalités de puissance, idéologies et multilatéralisme
La mondialisation est un phénomène récurent de l’Histoire universelle. Depuis les temps modernes, il y eut celle issue des grandes découvertes, puis celle des poussées impériales du XIXe siècle, principalement européennes mais aussi américaine. Dans les deux cas, il est facile d’établir le lien avec des révolutions économiques.
La troisième mondialisation provient de la révolution des technologies de la communication et de l’information, d’abord dans le domaine militaire (années 1970), puis dans la finance (années 1980), avant de se diffuser dans l’économie et la société en général. La compétition qui en est résultée a abouti à la chute de l’URSS et à l’apparente victoire idéologique de la démocratie libérale et de l’empire américain.
Mais, alors que dans le premier cas la mondialisation s’est faite au profit exclusif des Européens ou de leurs descendants (les colons fondateurs des Etats-Unis), dans le second, l’Europe toujours mais aussi les Etats-Unis en plein essor après la guerre de Sécession ne sont parvenus qu’à effleurer les grands pays de l’Asie de l’Est, dans l’aire civilisationnelle qu’on appelait Extrême Orient : le Japon et la Chine. Les deux n’ont alors eu de cesse de rattraper ceux qui n’avaient pas réussi à les conquérir. Le premier prit son envol avec un siècle d’avance sur le second. L’empereur Meiji bénéficia d’une unité politique achevée et d’un parti réformateur solide et articulé. L’histoire du Japon entre 1868 et 1945 forme un tout cohérent, à travers même ses dérives. En Chine, les réformateurs ne parvinrent pas à s’imposer sous la dynastie Qing, déclinante. Ils durent attendre plus d’un siècle, après la réunification nationale effectuée sous le régime de Mao Zedong. Mais l’Asie de l’Est n’a rien d’une communauté. Si, depuis l’ère Meiji, le Japon a réussi à rattraper les Occidentaux, son rêve de domination s’est brisé sur son hubris et finalement sur Hiroshima et Nagasaki. A la suite de quoi, il est entré dans l’ordre américain issu de la Seconde Guerre mondiale. Depuis l’ère de Deng Xiaoping, la Chine a d’abord fait patte de velours vis-à-vis des Occidentaux dont elle avait besoin, comme d’ailleurs le Japon au début de l’ère Meiji. Aujourd’hui, la nouvelle Cité interdite affiche de plus en plus fermement son aspiration à la puissance, mais se garde des excès. En conséquence, contrairement au Japon, l’indépendance de la Chine n’est aujourd’hui entravée que par certaines insuffisances technologiques ou par ses déficits en ressources naturelles, autant de lacunes qu’elle veut à tout prix combler dans les prochaines années.
> Article paru dans la Revue Défense nationale, n° 838, mars 2021
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