Les sous-marins de Cherbourg : l’industrie navale prend du galon (épisode 29/44)
Face aux menaces russe et chinoise et à l'arrivée de Donald Trump, le marché des sous-marins est en progression. La France y occupe une place déterminante grâce au groupe historique de Naval Group, qui exporte des sous-marins et assure une dissuasion nucléaire depuis son site de Cherbourg.

Avec :
- Vincent Groizeleau, rédacteur en chef du site « Mer et marine ».
- Amiral Jean-Louis Lozier, conseiller du Centre des études de sécurité de l'Ifri. A commandé un sous-marin nucléaire d’attaque entre 1997 et 1999, et deux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins entre 2004 et 2006. A été chef de la division des forces nucléaires à l’état major des armées.
Face aux menaces russes et chinoises, le marché des sous-marins devrait passer d'une valeur de 30 milliards de dollars en 2023 à 45,6 milliards de dollars en 2033, selon un rapport de Global Data. L’arrivée de Donald Trump devrait renforcer cette tendance, en poussant des pays comme le Canada à renouveler leur flotte et à renforcer la sécurité de leurs zones maritimes.
La France occupe une place déterminante sur le marché des sous-marins grâce au groupe historique de Naval Group, dont le site de Cherbourg est dédié à la construction de sous-marins. Maintenance, entretien, activités nucléaires, cette industrie navale irrigue le territoire de la Manche, mais aussi l'ensemble de l’Hexagone, qui produit des pièces ensuite assemblées à Cherbourg. Elle nécessite une main-d’œuvre formée sur le long terme à des techniques complexes, et confrontée à une montée en puissance technologique.
Pour construire un sous-marin, vous devez commencer par prendre une tôle de plusieurs centimètres d'épaisseur, qui, au départ, est plane. Vous devez ensuite l'arquer pour en faire un cylindre, et ensuite la souder. On voit bien que ce n'est pas le type d'outillage que vous allez avoir dans un chantier standard, aussi spécialisé et compétent soit-il (...). Et pour assembler un ensemble propulsif comprenant une chaufferie nucléaire, il faut là encore des dispositifs particuliers.
Par ailleurs, qu’ils soient conventionnels ou à propulsion nucléaire, les sous-marins français jouent un rôle clé dans la défense et la dissuasion nucléaire européenne, d'autant plus que la France est un des seuls pays au monde à produire des SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Cet enjeu dissuasif nécessite des investissements industriels et technologiques constants, explique Vincent Groizeleau : « la dimension nucléaire de la dissuasion, qu'elle se joue au niveau des sous-marins ou des porte-avions, oblige, technologiquement et opérationnellement parlant, à être au meilleur niveau. Avoir les sous-marins les plus discrets, les sonars les plus performants et des missiles 'invulnérables' tire en fait toute une industrie vers le haut ».
De la Manche au reste du pays, comment l’industrie navale irrigue le territoire français ? La France est-elle souveraine dans sa production de sous-marins ? Quelle place occupent les sous-marins français dans la défense et la dissuasion nucléaire européenne ?
> Écouter « Les lieux de l'éco » sur France culture.
Média
Journaliste(s):
Nom de l'émission
Format
Partager