Okéan 24, le méga exercice naval russe qui interroge
DECRYPTAGE, Dimitri Minic, chercheur au centre Russie/Eurasie à l'Ifri, explique l'exercice naval russe Okean 24. Spécialiste de la pensée stratégique russe et chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri), Dimitri Minic vient de publier un article sur "Russian Strategic Thinking and Culture Before and After February 24, 2022: Political-Strategic Aspects".
« C’était une annonce inédite depuis la Guerre froide. Cependant on se rend compte que les effectifs prenant part à l’exercice naval sont loin de ceux annoncés par Moscou. Cela nous dit que c'est une manière pour la Russie d'impressionner ses adversaires déclarés ou non. Ils veulent montrer que leurs ambitions sont totales, que la Russie n’est pas seulement une armée de terre, une armée de l'air, mais que c'est aussi une marine puissante, et qu’elle est capable d’être active sur toutes les frontières de la Russie et même au-delà. »
Pour la marine russe, ce devait être un exercice naval taille XXL. Son nom Okéan 24, il s’est déroulé du 25 août au 16 septembre, du jamais vu depuis la guerre froide, sur le papier seulement. Car les marines occidentales ont suivi de près la manœuvre et elles restent circonspectes quant aux réelles capacités de la flotte russe.
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« C’est un exercice en trompe-l'œil, abonde le spécialiste de la pensée stratégique russe Dimitri Minic chercheur à l’Institut français des relations internationales (Ifri) : « C'est vrai que c'était une annonce faite par Moscou qui était inédite, depuis la guerre froide. On se rend bien compte que les effectifs d'entraînement ne sont pas du tout ceux qui avaient été annoncés par le ministre de la Défense Andreï Belousov. Au fond, qu'est-ce que cela nous dit ? Cela nous dit que c'est une manière pour la Russie d'impressionner évidemment ses adversaires déclarés ou non. Ils veulent montrer que leurs ambitions sont totales, que la Russie n’est pas seulement une armée de terre, une armée de l'air, mais que c'est aussi une marine puissante, et qu’elle est capable d’être active sur toutes les frontières de la Russie et même au-delà. On a vu que la Méditerranée orientale a également été concernée par ces entraînements. »
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Plus qu'un exercice de grande ampleur, Okéan 24 fut surtout une manœuvre informationnelle
L’illusion d’Okean 24 a aussi porté sur la participation des marines étrangères, en particulier dans l’Indo-Pacifique, où excepté la Chine, personne n’a souhaité s’associer à l’exercice, « Okéan 24 montre toutes les limites de la stratégie mondiale de la Russie, insiste Dimitri Minic de l’Ifri. On voit bien les failles, on voit bien les lacunes de cette politique, on voit bien que le sud global n’est pas pro-russe. Faire des exercices navals avec la Russie, c'est aller un peu trop loin aussi. Très peu de ces pays veulent s'aliéner les Occidentaux. Et c'est là que l'on voit que la Chine a une trajectoire spécifique dans les différents États du Sud global, Pékin a plus intérêt que les autres, à faire apparaître la Russie comme une puissance forte et qui résiste à l'Occident. »
Okéan 24 voulait être la réponse de Moscou à Steadfast defender, le gigantesque exercice de l’Otan du printemps dernier. Mais dans les faits, ce fut plus une manœuvre informationnelle qu’un véritable exercice naval.
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