Guerre, force, puissance... Depuis février 2022 et l’invasion de l’Ukraine, la classe politique allemande a adopté un lexique réservé aux livres d’histoire. Elle qui était adepte de la rhétorique du doux commerce et du multilatéralisme apaisé a vécu l’agression russe comme un choc géopolitique. La guerre à moins de 10 heures de route de Berlin, qui plus est déclenchée par le principal fournisseur d’énergie de l’économie allemande, a poussé le chancelier Olaf Scholz à se sevrer de gaz russe et à investir 100 milliards d’euros dans l’armée. Une rupture sans précédent du dogme pacifiste qui caractérisait la politique allemande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Au-delà de l’armée et de la relation à la Russie, c’est toute la politique étrangère allemande qui proclame son désir d’autonomie mais qui se heurte à d’indépassables dépendances, qu’elles soient économiques ou militaires, vis-à-vis des autres grandes puissances. Pour une économie exportatrice comme celle de l’Allemagne, comment s’affranchir des gigantesques marchés chinois et états-uniens ? Rattrapée par la réalité d’un système construit pendant des décennies, la diplomatie allemande louvoie, hésite, et peine à conformer ses actes aux ambitions de “réveil stratégique” affichées depuis trois ans.

Avec

• Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne Université, conseiller au sein du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
• Marie Krpata, chercheuse au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri
• Claire Demesmay, chercheuse associée au Centre March Bloch à Berlin et professeure à la chaire Alfred Grosser de Sciences Po

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