Situation des marchés mondiaux du charbon et principales tendances de la demande dans les régions clés
Pour la deuxième année consécutive, le secteur du charbon a enregistré de bons résultats en 2018. Avec une demande globale en progrès (+ 0,7 % en 2018), le charbon représente 26 % de la consommation mondiale d’énergie primaire, restant ainsi la deuxième source d’énergie derrière le pétrole brut, et la première pour la production d’électricité avec 38 % de la production mondiale.
La production de charbon a enregistré une forte croissance en 2018 dans les principaux pays producteurs (Chine, Inde, Indonésie, Australie et Russie), sauf aux États-Unis, où elle a diminué. Les échanges internationaux de charbon vapeur ont repris, stimulés par la hausse continue des importations chinoises et, pour la première fois depuis 2014, par une forte augmentation des importations de charbon vapeur en Inde. Les prix du charbon vapeur ont atteint des niveaux jamais vus depuis 2011, puis se sont effondrés fin janvier 2019, avec différentes implications sur la concurrence avec le gaz en fonction de sa tarification régionale (indexation spot ou pétrole) et l’existence de politiques de tarification du carbone.
Le monde offre toujours une image contrastée. La progression de la demande de charbon en 2018 a à nouveau été portée par une augmentation de la production d’électricité à base de charbon en Chine, en Inde et en Asie du Sud-Est, alors qu’elle a décliné en Amérique du Nord et en Europe. La demande de charbon a légèrement augmenté en Chine, mais la part du charbon dans le bouquet énergétique a poursuivi sa baisse (59 % en 2018 par rapport à 71 % en 2011) suite aux efforts de lutte contre la pollution atmosphérique. La consommation de l’Inde a augmenté d’environ 8 % en 2018, induite par la demande du secteur électrique et par celle des producteurs d’acier, d’aluminium et de ciment. La région MENA construit de nouvelles centrales au charbon pour diversifier son mix électrique. À noter la mise en service d’une grande centrale au charbon ultra-supercritique au Maroc et le projet de l’Égypte de développer près de 10 gigawatts (GW) de capacité charbon d’ici 2025, malgré un fort potentiel de production à partir du gaz et des énergies renouvelables.
Inversement, malgré les efforts du Président Trump pour promouvoir le charbon, la demande continue de chuter aux États-Unis. Les compagnies d’électricité se tournent progressivement vers le gaz et les énergies renouvelables. Depuis 2015, près de 40 GW de centrales électriques au charbon ont été fermées, dont 13 GW en 2018, soit deux fois plus qu’en 2017. Dans l’Union européenne, le long déclin structurel de la demande s’est poursuivi. En 2018, la production électrique à partir de sources d’énergies renouvelables (ENR) a représenté 32,3 % de la production électrique européenne, contre 19,2 % pour le charbon (lignite inclus). La demande de charbon est restée stable chez les traditionnels importateurs du bassin Pacifique (Japon, Corée du Sud et Taïwan).
Globalement, le charbon reste solidement ancré mais un arrêt de son expansion est en train d’avoir lieu. Générant 30 % des émissions mondiales de CO2, le charbon dans le secteur électrique est la cible principale des politiques climatiques. Suite à l’accord de Paris adopté en 2015, plusieurs gouvernements et compagnies d’électricité ont décidé de sortir le charbon de leurs mix électriques et ont rejoint la « Powering Past Coal Alliance ». Un nombre croissant de pays (dont l’Allemagne) adoptent des politiques de réduction ou de sortie du charbon. La flotte mondiale de charbon est toujours en expansion (2 GW début 2019) mais les ajouts de capacité nette ont été seulement de 19 GW en 2018, loin derrière les 171 GW de capacités renouvelables ajoutées cette année-là. Avec un déploiement en baisse et un haut niveau de fermetures, la flotte mondiale du charbon pourrait commencer à décliner dès 2022. Dans les pays où la production d’électricité au charbon reste partie intégrante du mix électrique, le captage et le stockage du carbone des centrales au charbon seront vitaux pour réduire leurs émissions, mais une adoption à grande échelle paraît peu réaliste.
Cette étude est disponible en anglais uniquement : Status of Global Coal Markets and Major Demand Trends in Key Regions
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