L'Algérie : une improbable sortie de crise ?
Dix années après l'interruption du processus électoral, en janvier 1992, qui a plongé le pays dans la guerre civile et la violence, l'Algérie est-elle engagée dans une sortie de crise ?
Les analyses de quatre observateurs algériens sont peu optimistes. Le projet de 'Concorde civile' semble avoir échoué. Elu sur un programme fondé sur le principe de paix, le président Bouteflika n'a pas réussi à infléchir l'attitude de l'armée ni à doter ce programme des moyens politiques nécessaires à sa réalisation.
Comment restaurer l'autorité présidentielle sans se heurter aux décideurs militaires qui ont porté Bouteflika au pouvoir ? Entre une armée soucieuse de conserver un système lui garantissant ses privilèges et un chef d'Etat songeant d'abord à son destin personnel, les Algériens n'envisagent pas d'amélioration de leur niveau de vie.
On peut même se demander si l'armée, qui exerce le pouvoir politique réel depuis l'indépendance, ne représente pas l'unique force de changement et le principal espoir en matière d'instauration d'un véritable Etat de droit. Mais les généraux ne souhaitant pas se retirer du jeu politique et se méfiant des forces politiques civiles, le seul espoir résiderait alors dans la professionnalisation d'une armée s'éloignant progressivement du champ politique.
Quant à l'économie, toujours caractérisée par une forte dépendance à l'égard des hydrocarbures, une faible présence du secteur privé et un haut niveau de corruption, elle ne permet pas la sortie de crise escomptée, et le risque d'explosion sociale reste entier.
A propos des auteurs :
Lakhdar Benchiba est journaliste à Alger et observateur de la scène politique algérienne.
Akram B. Ellyas est journaliste à La Tribune.
Nahid Fakhri est un politologue algérien.
Saïd Haddad est enseignant-chercheur au Centre de recherche des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
Khadija Mohsen-Finan, directrice de l'ouvrage, est chercheur à l'Ifri (Maghreb, Islam, immigration).
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