Cinq thèses sur la « crise des réfugiés » en Allemagne
Le terme « crise des réfugiés » ne fait pas l’unanimité en Allemagne ; en effet, on lui reproche de présenter les réfugiés comme étant responsables de la crise. Les événements qui sont intervenus depuis l’été 2015 devraient plutôt être qualifiés de « crise des autorités », eu égard au fait que l’Allemagne aurait pu anticiper l’augmentation massive du nombre de réfugiés. L’emploi du terme « crise des réfugiés » dans la présente note est axiologiquement neutre et reflète son utilisation désormais courante en politique, dans les médias et dans la littérature spécialisée.
Le terme « réfugié », qui ne reflète pas non plus l’hétérogénéité des situations des immigrés en Allemagne, est par exemple moins usité en France qu’en Allemagne. Il est utilisé ici pour faciliter la compréhension du lecteur. La définition retenue est celle de la Convention de Genève : « le terme "réfugié" s’appliquera à toute personne qui se trouve hors du pays et qui ne peut ou ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». On distinguera entre les réfugiés « tolérés », les personnes bénéficiant de la protection subsidiaire et les demandeurs d’asile, conformément à l’article 16a de la Constitution allemande.
La crise des réfugiés en Allemagne a été évoquée pour la première fois dans le contexte des événements de l’été 2015 ; à l’époque, les chroniqueurs ont établi un lien direct entre crise des réfugiés et « politique de la porte ouverte ». Certes, cette caractérisation n’est pas entièrement fausse compte tenu de l’absence prolongée de chiffres fiables sur l’immigration, s’expliquant entre autres par des doubles enregistrements et par le fait que certaines personnes ont poursuivi leur voyage vers d’autres pays de l’UE sans le déclarer. Mais ce phénomène reflète plus les défaillances des autorités en matière d’enregistrement des réfugiés qu’une véritable orientation politique du gouvernement en réaction à l’augmentation du nombre de réfugiés. L’Allemagne, au contraire, a réagi en durcissant de plus en plus son droit d’asile, semblant fermer définitivement ses portes à de nombreux groupes de migrants.
Nele Katharina Wissmann a travaillé au Cerfa de septembre 2009 jusqu’à avril 2016. Depuis septembre 2016, elle est chercheur associé.
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