Japan’s Infrastructure Investment in the Indian Ocean: Checking China, Securing the Sea Lanes
Dans les années 2010, le Japon a progressivement accru ses liens économiques avec les Etats situés dans l'océan Indien par le biais du commerce, des investissements et de l'aide publique au développement.
Le Japon a notamment commencé à considérer la région de l’océan Indien (Indian Ocean Region – IOR) comme une destination majeure d'investissement dans les infrastructures maritimes telles que les installations portuaires. L’engagement croissant du Japon dans le développement de la connectivité régionale sont visibles dans les ports de Trincomalee et Colombo au Sri Lanka, le port de Mombasa au Kenya, le port de Matarbari au Bangladesh et les infrastructures des îles Andaman et Nicobar en Inde.
Ces investissements japonais ont beaucoup à voir avec les initiatives chinoises prises dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie. Les entreprises publiques chinoises se sont en effet engagées dans le développement des ports et des terminaux dans la région, et la gestion des installations portuaires a contribué à la présence grandissante de la marine chinoise dans la zone. L'IOR abrite des routes maritimes cruciales pour le Japon alors que les pétroliers nippons partent du Moyen-Orient et d'Europe pour traverser l'océan Indien. La présence maritime croissante de la Chine dans la région est donc susceptible de constituer une menace potentielle pour la sécurité du Japon. De plus, l’expansion maritime chinoise tend à remettre en cause le droit de la mer, farouchement défendu par le Japon.
Tokyo est confronté à divers défis dans la poursuite de ces objectifs stratégiques qui visent à contrer la présence maritime de la Chine et améliorer la sécurisation des routes maritimes. Le premier défi est la nécessité de proposer des alternatives efficaces pour rivaliser avec les investissements chinois dans les infrastructures. Le Japon doit renforcer les « infrastructures immatérielles », qui consistent en des institutions et des procédures qui soutiennent les infrastructures physiques, telles que la formation professionnelle ainsi que des normes et principes. À cet égard, les engagements du Japon au sein de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) et du G20 ont permis de publier des documents de référence sur les normes de qualité en matière d’investissements dans les infrastructures qui ont attiré l’attention du gouvernement chinois.
Le Japon doit par ailleurs approfondir son partenariat stratégique avec l'Inde, un pays qui partage ses inquiétudes concernant l'avancée maritime de la Chine dans l'IOR. L'Inde est un partenaire crucial pour le Japon en tant que membre du Quad impliquant également les États-Unis et l'Australie, un format qui s'est développé depuis 2017 au sein de la vision stratégique de l'Indo-Pacifique libre et ouvert. Le Quad a pour objectif stratégique d’opposer une résistance à l’expansion chinoise, et dans cette perspective, la sécurité maritime et les investissements dans les infrastructures ont été identifiés comme des priorités. Le Japon doit comprendre la position diplomatique subtile de l'Inde et faciliter son intégration progressive dans la coalition stratégique centrée sur les États-Unis.
Enfin, Tokyo doit garder la porte ouverte à de possibles collaborations avec la Chine dans le développement des infrastructures et de la connectivité. Étant donné que le Japon et la Chine ont des avantages comparatifs différents en matière d'investissement dans les infrastructures, l'utilisation efficace des fonds d'aide offerts par les deux pays pourraient agir positivement sur la croissance économique et la modernisation sociale des pays bénéficiaires et de leur voisinage. Sur ce point, le Japon doit réussir à maintenir des espaces de coordination au sein d’une stratégie fondée sur la confrontation, et qui s’inscrit dans le cadre d’une intense rivalité sino-américaine.
Cette note est disponible en anglais uniquement: Japan’s Infrastructure Investment in the Indian Ocean: Checking China, Securing the Sea Lanes
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