L’armée française au Sahel : un corpus doctrinal à l’épreuve
Les doctrines d’engagement des armées évoluent constamment en fonction des expériences de terrain. Au Sahel, les armées françaises ont mis en œuvre des conceptions héritées à la fois de leur histoire et des leçons tirées des interventions internationales des récentes décennies : interventions dans les Balkans ou « guerre » contre le terrorisme.
En dépit de certains succès, ces conceptions se sont souvent avérées mal adaptées au milieu humain, social et politique des pays du Sahel.
L’engagement de la France au Sahel est le plus souvent analysé à travers un prisme opérationnel qui se concentre sur les interventions ou les capacités militaires mobilisées à partir du déploiement de ses forces spéciales au début des années 2010 jusqu’au retrait définitif des derniers soldats français du Niger en décembre 2023. Les interventions menées sont plus rarement examinées à l’aune des soubassements doctrinaux auxquels se sont référées les forces françaises déployées pour les conduire. Il apparaît pourtant essentiel de connaître et d’évaluer la pertinence du cadre doctrinal dans lequel s’est inscrite la présence militaire dans l’espace sahélien durant plus d’une décennie.
Niagalé Bagayoko est présidente de l’African Security Sector Network et responsable du programme Afrique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques.
Une version courte de cette étude a été publiée dans Politique étrangère, vol. 89, n° 1, 2024.
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