Adieu, Merkel : la nouvelle vision de l'Allemagne sur l'UE et le monde ne fait pas couler beaucoup d'eau sous le pont du Danemark
Avec Olaf Scholz aux commandes, l'Allemagne durcit le ton avec la Chine et la Russie et mise sur l'« Europe stratégique souveraine » de Macron. Selon le nouveau programme gouvernemental, l'UE de demain consistera davantage à forger des alliances progressistes qu'à rallier tout le monde à sa cause. L'information se penche sur les changements intervenus en Allemagne et sur leurs conséquences pour l'Europe. [...]
1. l'axe franco-allemand de l'UE s'accélère maintenant
Quelques jours après les élections allemandes de 2017, le président français Emmanuel Macron a prononcé un discours à la Sorbonne sur une Europe nouvelle et souveraine qui, face à une mondialisation turbulente et à la rivalité entre les États-Unis et la Chine, doit mieux s'occuper de sa propre sécurité et de sa sécurité d'approvisionnement. À l'époque, Merkel a fait preuve d'un silence retentissant.
Ce silence est désormais rompu par la constitution du nouveau gouvernement, estime l'expert de l'Allemagne Paul Maurice, du groupe de réflexion français sur la politique étrangère IFRI.
- « L’accord gouvernemental est une très bonne nouvelle pour Paris », dit-il. « La France n'est mentionnée qu'à quelques reprises, mais toutes les questions fondamentales de l'UE sont en accord avec la vision de Macron : plus de souveraineté, mais sans découpler l'Europe du reste du monde. On peut donc appeler ça une réponse tardive au discours de la Sorbonne. »
À l'époque, Mme Merkel et le gouvernement allemand ont continué à parler de la « capacité d’action » de l'Europe - et, accessoirement, ont utilisé leur pouvoir commercial pour mener leur politique étrangère. Aujourd'hui - une pandémie plus tard - la « capacité d’action » a été remplacée par la « souveraineté européenne » dans des domaines tels que l'approvisionnement en énergie, la santé, l'importation de matières premières et les technologies numériques. À l'approche de la présidence française de l'UE à partir de janvier et de l'élection présidentielle d'avril, la France a soudainement un allié solide en Europe, dit Paul Maurice.
Si Macron remporte à nouveau les élections françaises, l'axe franco-allemand passera à la vitesse supérieure et travaillera d'arrache-pied à la poursuite de l'intégration européenne et à des projets de politique industrielle allant de la création de « champions » européens dans la production de batteries et de puces, par exemple, à la coopération militaire telle que le système de combat aérien futur (FCAS) et les programmes communs de recherche spatiale.
2. Plus de fédération - et, en pratique, l'UE à plusieurs vitesses
En même temps, le cadre du gouvernement propose un renforcement clair du Parlement européen et de la démocratie européenne. Cet objectif sera atteint notamment grâce à des listes électorales transnationales et à un véritable processus de désignation des chefs de file, où seul le chef de file du groupe de partis qui remporte l'élection peut devenir président de la Commission. Il est donc peu probable que le processus de nomination d'Ursula von der Leyen, que beaucoup considèrent comme sale, soit répété. « Outre les impulsions concrètes en matière de politique européenne, le gouvernement Scholz se fixe pour objectif un État européen fédéral », déclare Lykke Friis du groupe de réflexion Europa. « Il s'agit encore d'un objectif abstrait sans feuille de route fixe, mais cette intégration n'est pas vraiment de l'eau sur le moulin du Danemark - ou sur les moulins de nombreux autres petits pays de l'UE. »
La semaine dernière, la France et l'Italie ont également conclu un « traité d'amitié » sur la coopération européenne, qui est largement symbolique mais qui souligne la tendance de la constitution du gouvernement allemand, déclare Paul Maurice de l'IFRI :
« Bien que la constitution du gouvernement ne parle pas explicitement d'une UE à deux ou plusieurs étapes, c'est dans les cartons. L'Allemagne ne cessera pas d'être le médiateur entre le Sud et le Nord dans l'UE. Mais comme le souligne la constitution du gouvernement allemand, à l'avenir, il s'agira davantage d'alliances européennes entre pays progressistes. Mme Merkel s'est attachée à faire des compromis pour tout le monde, à trouver le plus petit dénominateur commun. Ce temps arrive maintenant à sa fin avec Scholz. »
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>> Lire l'article original paru en danois sur le site de Information (réservé aux abonnés) : « Mere socialt, mere grønt og mere liberalt. Sådan vil Scholz ændre tyskernes syn på verden » <<
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