Affaire Navalny : les Européens s’interrogent sur la suite face à la Russie
L’empoisonnement de l’opposant russe complique les conditions du dialogue stratégique engagé par Paris avec Moscou.
La sortie du coma d’Alexeï Navalny ne change rien pour les Européens. Tandis que l’administration Trump se désintéresse du sujet, l’empoisonnement du principal opposant russe met une nouvelle fois à l’épreuve la cohésion de l’UE face à la Russie. L’Allemagne se trouve en pointe de la réaction. Par la voix de Heiko Maas, le ministre des affaires étrangères, Berlin a réclamé dimanche des explications « dans les prochains jours » de la part de la Russie. Ce délai permet aux Européens de se concerter avant la suite. « L’Union européenne appelle à une réponse internationale conjointe et se réserve le droit de prendre les mesures appropriées, y compris au moyen de mesures restrictives », avait déclaré le haut représentant de l’UE, Josep Borrell, le 3 septembre. La nature et l’ampleur des sanctions que l’UE pourrait prendre sont actuellement débattues entre les capitales. Des sanctions individuelles, à l’image de celles prises après l’empoisonnement de l’ancien agent Sergueï Skripal en 2018 en Grande-Bretagne, nécessitent des éléments d’enquête tangibles. Or l’opération contre Navalny a eu lieu sur le sol russe, compliquant évidemment cette exigence. « La France et l’Allemagne sont prêtes à porter la question devant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, comme on l’avait fait après les attaques chimiques en Syrie, souligne un diplomate français de haut rang. Cela avait d’ailleurs provoqué un affrontement sur ce thème avec la Russie. » Mais les sanctions individuelles ou sectorielles relèvent d’abord de Bruxelles. [...]
Mais l’empoisonnement de Navalny est un choc d’une autre valeur, qui encombre le dialogue stratégique avec Moscou.
« C’était prévisible, note Tatiana Kastoueva-Jean, chercheuse à l’Institut français des relations internationales. On peut difficilement influencer la politique étrangère russe, qui est hermétique et unilatérale. L’équation est insoluble. Le seul fait positif est de continuer à dialoguer, avec un pays incontournable sur des sujets impliquant les intérêts de la France et membre du Conseil de sécurité. Jusqu’à présent, on a poursuivi le dialogue en maintenant les sanctions. On ne bascule complètement ni d’un côté ni de l’autre. »
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