Allemagne : la ministre de la Défense démissionne après une série de gaffes
Sous le feu des critiques depuis des mois, le retrait de Christine Lambrecht intervient à un moment délicat alors que la guerre en Ukraine se poursuit et que l'Allemagne veut réformer son armée. Olaf Scholz n'aura pas droit à l'erreur pour la succession de la ministre de la Défense.
La caricature dans le quotidien Tagesspiegel ce lundi matin est cruelle, souligne notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. On y voit un fonctionnaire dans un bureau chaotique au téléphone : « Bonjour, ici le service chargé de l'approvisionnement de la Bundeswehr. Je voulais annuler la commande de gaffes passée pour la ministre. Elle n'en a plus besoin. »
Christine Lambrecht a annoncé, lundi 16 janvier par écrit, sa démission attendue depuis plusieurs jours. Une vidéo amateur publiée par la ministre de la Défense pour le Nouvel An avait achevé de ruiner sa réputation. La ministre y apparaissait dans le centre de Berlin, décoiffée par des bourrasques, en train d'évoquer la guerre en Ukraine entre deux explosions de pétards et de feux d'artifices, particulièrement prisés des Allemands pour fêter la nouvelle année. « Une guerre fait rage au milieu de l'Europe. J'ai pu en tirer de nombreuses impressions particulières », glissait en outre la ministre au sujet de l'invasion russe, évoquant « beaucoup, beaucoup de rencontres avec des gens intéressants et formidables. Pour cela, je dis un grand merci. » La sociale-démocrate était critiquée depuis des mois pour ses bévues. Elle avait notamment annoncé l'envoi de 5 000 casques, quand le régime de Volodymyr Zelensky demandait des armes lourdes.
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Et les dossiers brûlants ne manquent pas. En plus du soutien militaire à l'Ukraine - ce vendredi, l’Allemagne, sous pression pour livrer des chars à l'Ukraine, accueille ses alliés occidentaux à Ramstein -, le prochain ministre de la Défense allemand va devoir poursuivre la modernisation de l’armée (l'Allemagne prévoit des investissements de 100 milliards d'euros). L'analyse de Hans Stark, professeur de civilisation allemande à Sorbonne Université.
Selon Hans Stark, la plupart des armements en Allemagne ne sont opérationels qu'à hauteur de 40 à 50% (chars, hélicoptères, avions de combats, etc ...). Il rajoute qu' au niveau des munitions : l'Allemagne a de quoi tenir en cas de conflit un jour en terme d'approvisionnement en munitions, ce qui est totalement insuffisant.
>> Ecouter le podcast sur le site de RFI.
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