Allemagne : social, politique étrangère, climat… Quels sont les enjeux sur le chemin de la coalition ?
Après les élections législatives serrées de dimanche, de nombreux sujets clivants seront au coeur des discussions en vue d’une coalition… espérée « avant Noël ».
Une coalition « avant Noël » : c’est l’objectif fixé par les partis politiques allemands pour mettre sur pied un exécutif après les élections législatives serrées de dimanche. Un gouvernement à trois mené soit par les sociaux démocrates (SPD) arrivés en tête, soit par les chrétiens démocrates (CDU), en partenariat avec les Verts et les libéraux du FDP, est l’option la plus probable.
Mais il y a dans chaque parti « des enjeux programmatiques assez forts, qui vont poser problème », commente Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes de l’IFRI. « Le plus gros point de blocage, ce sera l’incompatibilité des programmes » entre Verts et FDP, prédit-il. Le chef de file des sociaux-démocrates allemands, Olaf Scholz, qui veut devenir le prochain chancelier, a rassuré et insisté lundi sur le fait que l’Allemagne était politiquement « stable » malgré les incertitudes liées aux négociations de coalition qui s’annoncent délicates. Voici les sujets qui devraient être au coeur des discussions.
Budget et dette
La question budgétaire constituera l’un des principaux points d’achoppement. Le FDP est un farouche défenseur de l’orthodoxie budgétaire. Le parti est totalement hostile à un aménagement de la règle constitutionnelle de frein à l’endettement qui empêche l’Etat d’emprunter plus de 0,35 % de son PIB chaque année. Une position également défendue par la CDU.
Au contraire, les Verts, et dans une moindre mesure le SPD, sont prêts à plus de souplesse. Les écologistes veulent purement et simplement lever ce frein pour financer les coûteux investissements de la transition écologique.
- Seul espoir de compromis : « l’envie » du FDP d’entrer au gouvernement pour s’afficher comme un « correctif » et faire rempart aux propositions les plus à gauche des Verts et du SDP, estime Paul Maurice.
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Climat
L’accélération de la transition énergétique est au coeur du programme des Verts. Le parti écologiste veut notamment avancer à 2030 la sortie du charbon pour l’Allemagne, actuellement fixée à 2038.
Les libéraux du FDP sont beaucoup plus sceptiques, privilégiant la compétitivité de l’industrie allemande et l’innovation. Ils demandent la neutralité carbone pour 2050, soit cinq ans de plus que ce qui a été prévu lors de la dernière mandature. Pour les Verts, cette date butoir doit au contraire être avancée à 2040.
- Mais le parti libéral affirme dans son programme qu’il suivra l’avis de l'Union Européenne si ses instances « en décident autrement », ce qui ouvre, là aussi, « une porte pour un compromis » en déplaçant le débat sur le plan européen, estime Paul Maurice.
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