Angela Merkel est-elle du « bon côté de l’histoire » ?
Barack Obama a estimé, à l’occasion de sa visite en Allemagne, dimanche 24 et lundi 25 avril, que la chancelière allemande se situait « du bon côté de l’histoire », concernant sa politique d’accueil des réfugiés syriens. Thibaut Jaulin, maître de conférences à Sciences-Po Paris et Vivien Pertusot, directeur du bureau de Bruxelles de l’Institut français des relations internationales (IFRI), en débattent.
"Compte tenu des valeurs de solidarité que véhicule l’Europe, il est difficile de considérer que rejeter des centaines de milliers de personnes aux frontières, c’est se placer du bon côté de l’histoire. Mais se placer du bon côté de l’histoire ne signifie pas forcément agir avec un esprit collectif. Angela Merkel a décidé d’accueillir les réfugiés de manière tout à fait unilatérale, sans concertation avec ses partenaires européens. Elle les a placés devant le fait accompli, face à leurs responsabilités. Elle n’a pas vraiment mesuré la portée de ses propos et notamment les conséquences sur les pays qui allaient devoir servir de pays de transit. On peut difficilement aller de Syrie en Allemagne sans traverser d’autres pays…
L’Allemagne se refuse de moins en moins à mettre en avant son intérêt par rapport à un hypothétique intérêt européen. Quand son intérêt n’est pas directement aligné avec le consensus européen immédiat, elle n’hésite pas à aller à son encontre. On a pu le constater avec la crise grecque, dans laquelle Berlin a été le premier à envisager un « Grexit », alors même que le débat européen n’était pas aussi mûr que cela..."
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