Centrafrique : Moscou, l’indispensable allié
Trois mercenaires russes ont été tués dans l’ouest du pays la semaine dernière. Grâce à la présence de plusieurs centaines de ces paramilitaires, Moscou continue de soutenir étroitement le président Faustin-Archange Touadéra. Au grand dam de Paris.
C’est un rappel, d’abord, de la volatilité de la situation en République centrafricaine (RCA) : les autorités centrafricaines ont annoncé la mort de trois paramilitaires russes et de deux policiers centrafricains le 27 mai après une explosion survenue au passage de leur convoi, dans l’ouest du pays.
Les Russes, sauveurs de Touadéra
Une indication, aussi, de l’évolution de cette guerre civile vieille de huit ans et dans laquelle les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC, formée par les six plus puissants groupes armés de RCA) tentent aujourd’hui de renverser le président Faustin-Archange Touadéra : le recours aux mines ou engins explosifs improvisés, jusque-là rarissime dans le pays, s’est multiplié depuis quelques semaines et a, d’après l’ONU, causé depuis un mois la mort d’au moins onze personnes dans le nord-ouest du pays.
Ces attaques indirectes surviennent quelques semaines après la fin d’une contre-offensive de l’armée centrafricaine appuyée par un allié russe devenu indispensable.
- « Les Russes ont sauvé l’élection [présidentielle de décembre 2020] et sécurisent maintenant le pouvoir avec les Rwandais » explique Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales.
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« Si la Russie continue de projeter son influence diplomatique en Centrafrique et établit une base militaire dans le pays, comme Touadéra l’a demandé, Moscou pourrait capitaliser sur le vide laissé par les États-Unis dans le pays et représenter un défi d’autant plus important à l’influence française dans la région » écrivait en février le chercheur Samuel Ramani dans une note publiée par le think tank britannique « Royal United Services Institute ».
Le renforcement continu de l’influence russe dans la région suscite de fait l’agacement grandissant de Paris, qui a aussi accusé le Kremlin de piloter une opération de propagande antifrançaise dans la région. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le président Emmanuel Macron a ainsi décrit le 30 mai un président centrafricain « otage du groupe Wagner ».
- « Pour être otage, il faut que ça soit contre son gré, pointe Thierry Vircoulon. Touadéra est tout à fait consentant. »
> Retrouvez l'article sur le site de La Croix.
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