Climat : Que peut-on attendre du sommet organisé par Joe Biden?
Avec ce sommet virtuel, les Etats-Unis signent leur grand retour dans la lutte contre le réchauffement climatique, quatre ans après l'annonce de leur sortie de l'accord de Paris.
- Pas moins de 40 chefs d’Etats doivent se réunir, jeudi et vendredi, pour un sommet sur le climat par visioconférence, organisé à l’initiative du président américain, Joe Biden.
- Malgré de vives tensions entre la Chine et les États-Unis, Pékin a confirmé la participation du président Xi Jinping.
- Après la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris pendant le mandat de Donald Trump, ce sommet marque le retour du pays en première ligne dans la lutte contre le changement climatique.
Une quarantaine de chefs d’Etats, dont le président chinois, Xi Jinping et son homologue russe, Vladimir Poutine, participeront par visioconférence au sommet sur le climat organisé par le président américain, Joe Biden, jeudi et vendredi.
Cette réunion est censée marquer le retour des Etats-Unis en première ligne dans la lutte contre le changement climatique, après la sortie du pays de l’accord de Paris durant le mandat de Donald Trump. Mais à quoi peut-on réellement s’attendre avec ce sommet ?
America is back
A sept mois de la COP26 de Glasgow, l’administration Biden a pris les rênes du combat mondial dans la lutte contre le réchauffement climatique en organisant son propre sommet. « Cette conférence, c’est le retour des Etats-Unis en tant que partenaire climatique ambitieux, ils veulent mettre un coup de projecteur sur leurs nouveaux engagements, montrer qu’ils sont crédibles sur la question climatique », explique Carole Mathieu, responsable des Politiques européennes de l’énergie et du climat à l’IFRI (Institut français des relations internationales). Parmi les 40 dirigeants mondiaux, une partie d’entre eux devrait présenter de nouveaux engagements en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
A commencer par les Etats-Unis eux-mêmes, selon Carole Mathieu : « Ils devraient rendre publique leur promesse de réduire d’au moins 50 % les émissions américaines d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005 », avance-t-elle. « L’objectif, c’est qu’un maximum de pays annoncent revoir leurs engagements à la hausse pour créer un effet d’entraînement. Ça sera un sommet d’annonces, pas juste de négociations », estime François Gemenne, chercheur spécialiste en géopolitique climatique et professeur à l’université de Liège et à Sciences Po. D’autres pays pourraient suivre, comme la Corée, le Japon ou le Canada, et annoncer des engagements revus à la hausse : « C’est déjà une victoire pour l’équipe de Biden, cela montre que les efforts diplomatiques ont porté leurs fruits », selon Carole Mathieu.
L’Inde, acteur majeur pour le climat
Mettant fin à un certaine suspense, la Chine, l’un des deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre avec les Etats-Unis, a annoncé sa participation au sommet, malgré de vives tensions avec Washington. Le président chinois, Xi Jinping, devrait même prononcer un « important discours » lors du sommet. « On ne sait pas si la Chine fera des annonces, mais la participation de Xi Jinping est déjà une grande victoire, tant les relations entre les deux pays sont dégradées », analyse Carole Mathieu. Les deux nations, qui s’opposent sur de multiples sujets, ont décidé à mettre provisoirement leurs divergences de côté pour collaborer sur le climat. « La Chine veut montrer qu’elle est un des piliers du multilatéralisme, mais il est peu probable qu’elle annonce des engagements chiffrés, il faudra attendre que la coopération se formalise un peu plus pour cela », prédit la chercheuse.
Si l’entente des Etats-Unis avec la Chine est jugée cruciale pour la réussite des efforts climatiques internationaux, l’Inde, troisième émetteur de carbone au monde, est elle aussi attendue au tournant. « L’Inde a un rôle très particulier, une grande partie du sort du climat va s’y jouer. Si le pays fait exploser ses émissions, ça va réduire à néant les efforts des autres pays. Le problème, c’est que les priorités sont au développement, à la lutte contre la pauvreté, des enjeux se conjuguent mal avec la lutte contre le climat », analyse François Gemenne.
Pour aider l’Inde et d’autres pays en développement, la question du financement pour les pays vulnérables au changement climatique devrait être abordée. L’administration Biden devrait également évoquer le financement des infrastructures. « Certains pays, comme la Chine, financent des centrales au charbon. Un des enjeux de ce sommet, c’est d’arriver à limiter ces financements et de favoriser le financement des outils de production décarbonés », précise Carole Mathieu.
Préparer la COP26
Du côté de la Russie, qui a également confirmé sa participation, c’est l’inconnu. « La Russie a toujours été en retrait des négociations sur le climat. La question, avec eux, c’est plus de savoir s’ils vont sanctuariser la question climatique. Vladimir Poutine va-t-il polluer le sommet avec d’autres sujets de tensions ou va-t-il sanctuariser la question de l’enjeu climatique ? C’est la grande question », s’interroge François Gemenne. En revanche, pour l’Union européenne, peu de surprises. Les 27 Etats membres pourront faire bonne figure après l’adoption d’un accord in extremis, dans la nuit de mardi à ce mercredi, sur une réduction nette d'« au moins 55 % » de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990.
Annonces ou pas, le sommet est avant tout une opération de communication de la part des Etats-Unis, estime François Gemenne : « C’est une façon d’occuper l’espace médiatique sur la question du climat. Les pays vont se rassurer mutuellement avant la COP26 sur leurs engagements, montrer qu’ils sont dans le même bateau, pour éviter les mauvaises surprises à Glasgow en novembre. » Pour Carole Mathieu, en invitant l’ensemble des grands émetteurs, les Etats-Unis « invitent leurs partenaires, voire presque les obligent, à mettre en œuvre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique ». Réponse vendredi, à la fin du sommet.
> Lire l'article sur le site du journal 20 Minutes
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