Crise des sous-marins : retour sur «l'ambitieuse mais naïve» relation franco-australienne
Jusqu'à la signature du contrat avec Naval Group, les relations entre la France et l'Australie étaient modestes, basées essentiellement sur la mémoire commune de la Première Guerre mondiale.
Il fut un temps où Napoléon envisageait d’envahir l’Australie, qui accueillait une colonie pénitentiaire britannique qu’on appelait la Nouvelle Hollande. C'est ici que commence, dit-on, la rivalité entre la France et la Grande-Bretagne dans la région. Ladite invasion n’a jamais eu lieu, et il faut attendre 1914 pour que les destins des Français et Australiens se croisent. «Des dizaines de milliers d’Australiens sont morts sur le sol français ou sont morts pour protéger le territoire français […] lors de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième», a rappelé le premier ministre par intérim, Barnaby Joyce. Une manière pour lui d’assurer, en dépit de l’indignation suscitée par la rupture du «contrat du siècle» sur les douze sous-marins, que «l’Australie n’a pas besoin de prouver son attachement, son amitié et sa volonté de veiller à la liberté et à l’égalité de la France». Mais avant ces événements, qu'en était-il de la relation franco-australienne ?
Relations de voisinage
«La Grande Guerre constitue le socle du récit national australien. C’est l’essentiel de leurs commémorations et de leur construction nationale, qui a engendré une grande francophilie au XXe siècle», explique Romain Fathi, chercheur et historien à Sciences Po et à l’université de Flinders, en Australie. Avant de nuancer : «Mais les relations entre les deux pays sont restées pendant cent ans relativement modestes».
Il s’agit, selon Céline Pajon, chercheuse au centre Asie de l'Institut français des relations internationales (Ifri), de relations «de voisinage», du fait de la proximité de la France avec la Nouvelle-Calédonie. «Ces relations sont basées sur des intérêts concrets importants dans le Pacifique sud», poursuit-elle. Les deux pays font partie des accords FRANZ, qui coordonnent l’aide civile et militaire en cas de catastrophes naturelles, et du QUAD, le Quadrilatéral Defence Coordination Group (QUAD), qui réunit l’Australie, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et la France, pour assurer la sécurité des zones économiques exclusives ( ZEE) dans l’Océan pacifique.
Sur le plan économique, en revanche, la distance fait son œuvre. L’Australie n’est que le 31e client de la France et son 56e fournisseur en matière d’importation, bien qu’Alstom ait récemment annoncé un contrat de 300 millions d’euros pour fournir des trains à la ville de Melbourne.
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C’est en fait le contrat des sous-marins qui a contribué à rapprocher considérablement les deux pays au cours de ces cinq dernières années. "le contrat avait engagé un rapprochement des deux pays sur tous les plans, poursuit Céline Pajon. Au printemps, la France et l’Australie ont d’ailleurs toutes deux participé à des exercices militaires ambitieux dans l’Océan indien.»
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