Crise en Ukraine : l’Allemagne, la France et la Pologne ressuscitent le triangle de Weimar
Réactivant un format créé en 1991, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a invité les présidents français et polonais, Emmanuel Macron et Andrzej Duda, à Berlin, mardi 8 février, pour faire preuve de la solidarité européenne face à la Russie.
Les dirigeants occidentaux le savent : ce n’est qu’en se montrant unis face à Vladimir Poutine qu’ils pourront agir face aux menaces que le président russe fait peser sur l’intégrité de l’Ukraine et, au-delà, sur la sécurité du continent européen. Dans ce contexte, la rencontre organisée entre le chancelier allemand, Olaf Scholz, et les présidents français et polonais, Emmanuel Macron et Andrzej Duda, mardi 8 février, à Berlin, est en soi une petite victoire diplomatique : depuis la crise ukrainienne de 2014, les trois pays n’avaient pas délivré de message commun.
Ce message, les trois hommes l’ont formulé tour à tour, lors d’un bref point presse, avec des mots quasi identiques. « Nous partageons un objectif : préserver la paix en Europe », a déclaré M. Scholz. « Nous devons trouver une solution pour éviter la guerre », a enchaîné M. Duda. « La paix et la stabilité du continent européen sont notre trésor, et notre devoir est de le préserver », a affirmé M. Macron.
Aucune question n’avait été prévue pour les journalistes, et ce n’était sans doute pas un hasard : en se bornant à des déclarations n’excédant pas une dizaine de minutes au total, les trois dirigeants ont pu s’en tenir à des propos assez généraux et éviter des échanges qui auraient sans doute conduit à mettre en lumière leurs divergences.
« Symbole très fort »
Celles-ci sont réelles. Ces dernières semaines, la Pologne n’a pas caché son agacement vis-à-vis de l’Allemagne et de la France, jugées trop conciliantes avec le Kremlin, la première en refusant obstinément de livrer des armes à l’Ukraine, la seconde en proposant de construire une « nouvelle architecture de sécurité » avec la Russie.
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- « Que la France et l’Allemagne s’affichent avec la Pologne, avec laquelle il y a des désaccords européens forts, est un symbole très fort de la solidarité européenne face à la Russie : la Pologne est toujours radicale, les Allemands sont considérés comme le “maillon faible” face à Poutine, et les Français sont ambivalents. L’initiative d’Olaf Scholz de faire cette rencontre à Berlin montre la volonté de l’Allemagne de se présenter comme un partenaire fiable », observe Paul Maurice, chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes à l’Institut français des relations internationales.
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- « La Russie a toujours été méfiante face à ce format et on garde en tête son échec, en 2014, face à la crise du Donbass, rappelle M. Maurice. Aujourd’hui, le contexte a changé, la volonté des Européens est plus grande, car la menace est plus forte. On peut donc nourrir un peu plus d’espoir, mais le fait est que cela reste une initiative trilatérale et qu’il n’existe pas de structure ni de moyen d’action commun au triangle de Weimar. »
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