De par le monde : États-Unis, le temps de l’inquiétude
Les premières mesures prises par Donald Trump sont aussi inquiétantes que ses promesses de campagne, explique Laurence Nardon, spécialiste des États-Unis.
Les premières mesures prises par Donald Trump sont aussi inquiétantes que ses promesses de campagne, explique Laurence Nardon, spécialiste des États-Unis.
Les 15 premiers jours de la présidence Trump nous stupéfient. Même si leurs effets restent moindres que ceux d’une loi votée par le Congrès, les décrets et mémorandums présidentiels se sont succédé, brutaux et agressifs. Sous l’influence de son conseiller d’extrême droite Steve Bannon, Trump a enclenché son programme avec la remise en route des projets d’oléoducs Keystone XL et Dakota Access, le démantèlement de l’Obamacare, le gel total des embauches de fonctionnaires fédéraux, la suppression de nombreuses régulations imposées aux industries domestiques, le retrait des États-Unis du projet de traité TransPacifique (TPP), l’érection d’un mur sur la frontière avec le Mexique et, enfin, l’arrêt temporaire de l’immigration en provenance de sept pays à majorité musulmane.
Même si ces points figuraient tous clairement dans son programme de candidat, la plupart des observateurs pensaient que le nouveau président n’irait pas si vite et pas si loin, qu’il serait retenu par la décence et par la crainte des contre-pouvoirs institutionnels.
Action déterminée
La ligne nettement dessinée par ses premiers décrets se trouve brouillée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’amateurisme avec lequel ces actions sont engagées. Ainsi, c’est dimanche en fin de journée que la Maison Blanche a autorisé les porteurs de carte verte à entrer dans le pays – les responsables n’y avaient-ils pas pensé avant ? S’y ajoute la poursuite d’une communication présidentielle qui reste nettement dans le domaine du ridicule : les twitts incendiaires envoyés à toute heure, la relance de polémiques insensées sur le nombre de participants venus assister à l’inauguration et la prétendue fraude électorale en novembre dernier. Tout ceci rend difficile la lecture de l’action pourtant déterminée de Trump.
Enfin, aveuglés que nous sommes par la lecture des grands journaux progressistes de la côte Ouest, nous avons tendance à oublier que Trump conserve un soutien non négligeable dans l’opinion américaine. Le week-end dernier, alors qu’une Amérique se réunissait devant les grands aéroports pour réclamer l’entrée des personnes bloquées aux frontières, une autre Amérique défilait à Washington en faveur d’une interdiction de l’avortement…
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