Des Youtubers approchés pour déniger Pfizer : un mystérieux scénario
Payer des YouTubeurs pour dénigrer les vaccins occidentaux : une mystérieuse tentative récemment dévoilée a mis en lumière les méthodes typiques des campagnes de désinformation via les réseaux sociaux et l’importance de la «diplomatie du vaccin». Avec, comme souvent, les yeux qui se tournent vers la Russie.
L’opération a été immédiatement dénoncée par les influenceurs approchés par l’agence de communication «Fazze» : «Ce matin, j’ai reçu une demande de partenariat qui m’a grave choqué, je suis obligé de vous en faire part», a twitté le 20 mai l’humoriste Sami Ouladitto, 400.000 abonnés.
Deux autres Français mais aussi l’Allemand Mirko Drotschmann (1,5 million d’abonnés) ont décrit le même scénario: pour le compte d’un «client» anonyme, il faut expliquer «que le taux de mortalité parmi les personnes vaccinées au Pfizer est presque trois plus élevé que pour AstraZeneca». Le tout basé sur une fausse allégation récurrente, qui voudrait que les vaccins soient responsables de milliers de décès.
Les yeux se sont immédiatement tournés vers la Russie, accusée par les Occidentaux depuis la présidentielle américaine de 2016 d’être derrière des campagnes de manipulation politique via les réseaux sociaux.
Julien Nocetti, spécialiste de la guerre de l’information et de la Russie à l’Ifri (Institut français des relations internationales), note,
Les vaccins (ont) acquis une vraie dimension géopolitique depuis l’an dernier,
et rappelle que :
dénigrer ce que font les Occidentaux est très caractéristique des Russes.
Il juge que :
Cet épisode – s’il est avéré – rentrerait bien dans dans ce cadre-là. Outre un coût humain et financier très modeste, l’autre avantage de ce type d’opération, c’est la difficulté à les attribuer.
Malgré des «indices concordants», le chercheur révèle,
il y aura toujours un pourcentage de doute qui fait que l’Etat ciblé va très rarement réagir, car vous avez potentiellement un risque d’escalade diplomatique.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a parlé mardi d’épisode «minable» et «dangereux» sans se prononcer sur son origine.
M. Nocetti, note
Ce qui est peut-être plus inédit, c’est le fait de cibler des influenceurs avec l’idée que ce sont des jeunes gens qui n’ont aucun lien avec la grande politique, et donc potentiellement perméables à des campagnes d’influence.
Ce qui permettrait, à la Russie comme à d’autres, de rendre “mainstream” cette guerre d’information» via des relais «grand-public».
> Retouver l'article dans son intégralité sur Le Soir
Média
Partager