Drone militaire : nouvelle arme de la stratégie française ?
La loi de programmation militaire, qui contient 100 milliards de hausses de crédits sur la période 2024-2030, entre en examen à l’Assemblée. Alors que les drones militaires turcs ou iraniens jouent un rôle majeur en Ukraine, quelle place prennent-ils dans la construction de la stratégie française ?
La Loi de Programmation Militaire (LPM), période 2024-2030, vient de faire son entrée aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Au programme, quinze jours de discussion en vue d'une promulgation espérée par le gouvernement avant la grande parade du 14 juillet. Sur le papier sont annoncés des chiffres records : 413 milliards d'euros de dépenses, contre 295 pour la précédente. Une augmentation justifiée entre autres par la guerre en Ukraine qui rappelle à chaque instant l'urgence d'une armée à la hauteur des enjeux du XXIe siècle. C'est à ce moment-là que plane l'ombre des drones qui sont au coeur du conflit russo-ukrainien.
Comment expliquer que l'armée française accuse un tel retard en la matière ? Comment bien maoneuvrer cette arme relativement nouvelle qui pose certains conflits ethiques ? Et au bout du chemin, l'armée française pourrait-elle tenir la cadence d'une guerre de haute intensité ?
On peut citer les pays qui sont à la pointe [en matière de drones] : on parle de la Turquie, d'Israël, de la Chine et évidemment des États-Unis qui fabriquent le drone Reaper. La France en a une petite douzaine, elle va d'ailleurs en commander une autre douzaine très prochainement [...]. Cela veut dire que le retard est peut-être industriel.
Est-ce qu'il est possible aujourd'hui en France de fabriquer et de produire des drones ?
"Heureusement, c'est possible de le faire. La question, c'est à quel point c'est intéressant de le faire en termes de coûts notamment. Je dirais que pour le retard de la France sur les drones, il y a plusieurs raisons. Il y a effectivement des raisons industrielles, le fait est que comme beaucoup d'autres programmes on a choisi d'aller vers des programmes d'armements avec d'autres partenaires européens et cela prend toujours un certain retard parce qu'il y a des problèmes de coopération ou d'échange de données. On a l'Eurodrone par exemple qui ne sera pas mis en oeuvre avant 2028. En attendant, il fallait pallier ce retard. On avait également la question des préventions opérationnelles, mais qui est aussi une question sociologique, c'est-à-dire qu'il faut se rendre compte que les industriels travaillent avec les armées, et que dans les armées il y avait une forme de réticence à utiliser les drones parce que le drone était vu comme une dégradation du statut. Par rapport à un avion de chasse, un drone est évidemment moins valorisant et aujourd'hui on retrouve les mêmes préventions en ce qui concerne la dronisation navale", Amélie Férey.
> À écouter intégralement sur le site de France Culture.
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