Élections de mi-mandat : un référendum pro ou anti Trump ?
Ce scrutin de mi-mandat est un référendum sur le bilan, mais surtout la personne de Donald Trump, note la politologue Laurence Nardon. Interview
Le parti démocrate s’est-il rétabli de sa cuisante défaite de 2016?
Non. Il est dans les limbes, toujours écartelé entre le courant libéral d’Hillary Clinton et le radicalisme de Bernie Sanders. Des primaires les ont départagés pour installer les candidats du parti à ces élections, mais la réconciliation n’a pas eu lieu: des électeurs démocrates, notamment chez les jeunes, dénoncent le tropisme ultra-libéral d’Hillary qu’ils accusent de « travailler pour Wall Street» en s’abritant derrière la défense des minorités, devenue le cœur du programme des démocrates au détriment de son traditionnel électorat de «cols-bleus», largement passé chez Trump.
Cet engagement des jeunes, mais aussi des femmes, n’est-il pas un espoir pour les démocrates?
Sûrement. La mobilisation des femmes est nationale: ce sont souvent des blanches, diplômées, très anti-Trump mais pas très à gauche. A contrario, leralliement des jeunes se fait beaucoup sous la bannière de Sanders, dont ils approuvent la proposition d’une éducation supérieure gratuite, qui fut déjà le thème phare de sa campagne des primaires démocrates, en 2016. Sur l’économie, ils défendent un projet plus innovant que celui des «clintoniens», qui ne diffèrent pas des républicains sur ce terrain-là.
Barack Obama s’engage. Avantage pour les démocrates?
Pas sûr. Ses discours sont très remarqués, mais le fait qu’il se mobilise dans la campagne souligne la panne de leadership chez les démocrates. La formation n’a pas de ligne, ni de leaders. Par conséquent, c’est déjà fichu pour 2018. Et si personne d’un peu charismatique ne se lève, cela semble mal parti pour 2020.
Trump est donc tranquille?
Les sondages nationaux ne veulent pas dire grand-chose et Trump bénéficie d’un découpage des circonscriptions plutôt défavorable aux démocrates. Ces derniers pourraient gagner une courte majorité à la Chambre des représentants, mais pas au Sénat. Au final, cela pourrait n’avoir aucune incidence véritable, car Trump a déjà du mal, avec le Congrès tel qu’il est, à y faire passer des lois, d’où sa préférence pour la voie réglementaire. Un échec à la Chambre des représentants ne changerait sans doute rien.
Recueilli par Christophe Lucet
Elle dirige le programme Amérique du Nord de l’Institut français de relations internationales (Ifri).
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