Emmanuel Macron en visite d'État en Allemagne pour relancer le « moteur » de l'Europe
Emmanuel Macron entame ce dimanche une visite d'État de trois jours en Allemagne, la première d'un président français dans ce pays depuis 24 ans. Un déplacement qui intervient avant les élections européennes, mais aussi alors que Paris et Berlin affichent des divergences sur plusieurs dossiers.
C'est la première visite d'État – la plus élevée dans le rang protocolaire – d'un président français chez le grand voisin d'outre-Rhin depuis celle de Jacques Chirac en 2000. Programmée initialement l'an dernier, elle avait dû être reportée en raison d'émeutes urbaines en France. Ironie du sort, Emmanuel Macron revient d'un voyage-éclair en Nouvelle-Calédonie, un territoire français du Pacifique-sud secoué à son tour par de violentes émeutes.
Première étape pour le président français : la « Fête de la démocratie », dans le quartier du gouvernement, qui célèbre le 75e anniversaire de la Constitution allemande d'après-guerre. Emmanuel Macron, seul chef d'État étranger invité, et le président Frank-Walter Steinmeier y dialogueront avec des jeunes. Les deux dirigeants auront ensuite un entretien, suivi d'une conférence de presse et d'un dîner d'État au Château de Bellevue, résidence du président allemand.
Offensive de charme
Les retrouvailles avec le chancelier Olaf Scholz n'interviendront que mardi même s'il devrait faire une apparition au dîner d'État, tout comme l'ex-chancelière Angela Merkel. « Un amour des plus platoniques », titre le magazine Der Spiegel à propos de la relation entre le président français et le chef du gouvernement allemand, illustrant le sentiment ambiant en Allemagne. Pour l’hebdomadaire, le président français va se livrer, durant sa visite d’État, à une offensive de charme, rapporte notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Une caricature montre son hôte, le président Frank-Walter Steinmeier, lui donner une accolade qui n’en finit plus, pour montrer que l’amitié franco-allemande ne se réduit pas à des mots.
Nul doute que les élections européennes seront la toile de fond de cette visite, dont l’objectif est notamment de rappeler que le couple franco-allemand demeure le « moteur » de l’Europe, malgré des vicissitudes, rapporte notre envoyée spéciale à Berlin, Valérie Gas.
« Il y a des points de convergence, notamment travailler ensemble à réindustrialiser l’Europe, avec un certain nombre de projets sur l’intelligence artificielle, la biotechnologie, le cloud computing, également les questions relatives à la défense commerciale », énumère la chercheuse Marie Krpata.
Mais cette convergence a ses limites, tempère-t-elle. « L’Allemagne est très exposée au marché chinois. Donc si jamais, à la suite de l’enquête de la Commission européenne sur les véhicules électriques chinois et sur les pratiques de dumping et de subventions de la Chine, des droits de douane étaient mis en place contre des producteurs chinois, l’Allemagne craint des mesures de rétorsion de la part de la Chine. Elle est beaucoup plus prudente sur ces enquêtes mises en places par la Commission européenne que ne l’est la France ».
Sécurité et défense au menu
L’Europe sera justement au programme des discussions avec le président Frank-Walter Steinmeier et le chancelier Olaf Scholz, l’enjeu étant de définir pour l’après-scrutin un agenda stratégique et des priorités que les deux pays pourront porter ensemble. Cela notamment en matière de sécurité, de défense, de recherche, d’innovation et d’investissements. L’Élysée dit vouloir trouver « des déclinaisons concrètes » au discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, auquel Olaf Scholz avait réagi positivement.
« On décernera à Emmanuel Macron le prix de Westphalie pour son engagement européen, pointe la chercheuse Marie Krpata. La paix de Westphalie a mis fin à la guerre de Trente Ans [en 1648, NDLR]. Ce sont en quelque sorte les bases du système international, de la souveraineté, de l’intégrité territoriale. Cela fait écho à la situation qu’on est en train de vivre en Europe : la guerre en Ukraine, la violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale par la Russie de l’Ukraine. Il va falloir réfléchir à la façon de rétablir la sécurité en Europe, comment travailler ensemble sur des sujets relatifs à la sécurité et à la défense, et comment travailler sur l’architecture de la sécurité européenne ». Selon le quotidien Tagesspiegel, la question doit être à l'ordre du jour du Conseil des ministres commun mardi.
Le même jour, Emmanuel Macron, s'adressera à la jeunesse européenne depuis Dresde, dans l'ex-RDA, terre de conquête de l'extrême droite, où il aura de nouveau à cœur d'alerter contre la tentation des extrêmes. Cette visite veut ainsi donner l’image d’une Europe dynamique et porteuse de projet. Cela par opposition aux nationalistes en progression en Europe et en France.
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> Lire l'article sur le site de RFI.
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