En Allemagne, une nouvelle génération de néonazis
Le procès de l’auteur présumé de l’attentat de Halle, en octobre 2019, s’ouvre ce mardi 21 juillet à Magdebourg, dans l’est de l’Allemagne. Il intervient alors que les passages à l’acte de la part de groupes néonazis, en pleine mutation, sont de plus en plus nombreux dans le pays.
Le 9 octobre 2019 à 12h30, une cérémonie bat son plein dans la synagogue de Halle, ville de près de 240 000 habitants du Land de Saxe-Anhalt, dans l’ancienne Allemagne de l’Est. C’est le jour de Yom Kippour, la fête la plus importante du calendrier hébraïque. La salle accueille « 70 à 80 » fidèles, selon Max Privorotzki, le président de la communauté juive de la ville, lorsqu’un homme « lourdement armé, avec un casque en acier et un fusil », tente de forcer l’entrée de l’édifice, bien fermé et protégé. N’y parvenant pas, il se met à tirer en pleine rue, tuant au hasard une passante, puis un homme attablé dans un restaurant turc. Deux jours plus tard, il est arrêté par la police. Il s’appelle Stephan Balliet, est âgé de 27 ans, et reconnaît être l’auteur de cet attentat commis pour des motifs antisémites.
- C’est entre 2015, au moment où l’Allemagne accueille plus d’un million de réfugiés, principalement syriens, et décembre 2016, après l’attentat au camion bélier dans un marché de Noël berlinois, que les groupes d’extrême droite et néonazis basculent dans une violence assumée, selon Nele Wissmann, chercheuse associée à l’Institut français des relations internationales (Ifri). « Le climat sociétal en Allemagne a presque autant changé à ce moment là que lors de la chute du Mur, soutient-elle. C’est ce qui a occasionné, fin septembre 2017, l’entrée du parti AfD (Alternative pour l’Allemagne) au Bundestag (l’assemblée parlementaire fédérale allemande, NDLR) et une libération du discours extrêmement violent. »
- Pour s’implanter dans les petites villes et les villages principalement, les mouvements néonazis savent utiliser des méthodes rassurantes, remarque Nele Wissmann, « ils vont proposer des discussions au bar du coin, sur le fonctionnement des gardes d’enfants ou l’utilité des crèches ».
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- « Même si les accusés sont très âgés et si les victimes ne demandent pas nécessairement une incarcération, l’État fédéral ne veut pas laisser passer ces crimes, commente Nele Wissmann. Nous sommes encore au début du chemin vers la compréhension de cette idéologie implantée en Allemagne, nous devons saisir ce que nous n’avions pas vu et adapter l’éducation civique. »
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Lire la note de Nele Wissmann, « Le Terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Une menace sous-estimée ? », Notes du Cerfa, n°151, IFRI, décembre 2019.
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