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En Birmanie, le chemin fastidieux vers la démocratie

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invitée de Julie Gacon dans

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Des législatives ont lieu dimanche dans ce pays où pendant de longues années, on n'a pas voté... Entretien avec la chercheuse Sophie Boisseau du Rocher.

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Ce sont des élections qui vont très certainement passer en-dessous des radars étant donnée l’actualité américaine… Une bonne raison (parmi beaucoup d'autres) pour leur accorder une place ce matin.

38 millions d'électeurs sont donc appelés aux urnes dimanche pour des élections législatives, cinq ans après la victoire du Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi…  Et surtout de son parti, la Ligue nationale de la Démocratie, laquelle démocratie peine pourtant à advenir dans un pays où l’armée occupe toujours une place centrale. Où le processus de paix avec les Etats de l’ouest n’a pas avancé. Et où les minorités, particulièrement musulmanes les Rohingyas, ont dû fuir les exactions en masse et pour ceux qui restent, n’ont même pas la citoyenneté birmane.

 

Près d'1 million 800 000 citoyens birmans ne pourront pas voter, pour plusieurs raisons décidées par la commission électorale, influencée par l'armée puisque c'est l'armée qui a défini les cantons, 56, au sein desquels on ne pourra pas voter en raison des troubles violents qui sévissent. Il y a trois types de non-votants. Les premiers, ce sont les Rohingyas, parce qu'ils n'ont pas la citoyenneté birmane. Les deuxièmes sont ceux qui se trouvent dans les zones en conflit ouvert avec l'armée. C'est le cas de l'Etat Rakhine, où l'armée d'Arakan - guérilla d'environ huit mille hommes et femmes qui proclament être en lutte pour un statut d'autonomie - se soulève contre l'autorité de Naypyidaw. Mais c'est aussi le cas dans certaines parties des Etats Chin, Shan..., pour des raisons de sécurité. Enfin, il y a les Birmans émigrés qui, pour des questions de procédure ou de démarches administratives très complexes, ne pourront pas voter. C'est le cas des quelque deux millions de Birmans qui vivent en Thaïlande, par exemple.    Sophie Boisseau du Rocher

L'Arakan Army dispose de soutiens à l'extérieur, et notamment un soutien chinois. Il semblerait que Pékin fournisse des armes, un support logistique et de la formation à cette armée, tout simplement en raison de ses investissements dans l'Etat Rakhine. La Chine a énormément investi, d'abord dans un gazoduc et puis dans le port de Kyaukpyu. En entretenant cette armée, Pékin se donne un droit de regard sur le processus de réconciliation qui reste quand même l'objectif primordial d'Aung San Suu Kyi. Elle a réussi, en août 2020, à rassembler dix ethnies majoritaires dans un accord de Panglong 2 qui devrait préparer la mise en place d'un État fédéral. Son objectif pour les prochaines années sera d'arriver à convaincre les autres ethnies à rejoindre cet accord pour mettre en place cet État fédéral.     Sophie Boisseau du Rocher

 

Retrouvez l'interview de Sophie Boisseau du Rocher sur le site de France Culture.

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Sophie BOISSEAU du ROCHER

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Ancienne Chercheuse associée, Centre Asie de l'Ifri

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