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En France, « le raffinage est sous pression »

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interrogé par Thierry Hameau dans

  Ouest France
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Le 30 novembre, Total a mis à l’arrêt « jusqu’à nouvel ordre » sa raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), faisant craindre une fermeture définitive. L’industrie pétrolière subit de plein fouet la baisse de la consommation.

Entretien avec Olivier Appert, spécialiste énergie de l’Institut français des relations internationales (Ifri).

Contenu intervention médiatique

Les groupes pétroliers ont-ils besoin de faire du raffinage pour être rentables ?

Non. La rentabilité de l’extraction-production de pétrole et de gaz est bien supérieure à ce qu'on appelle le downstream, c'est-à-dire le raffinage et la pétrochimie. Dans son business model, le pétrolier a toutefois besoin d’équilibrer les risques entre les deux marchés. En 2014, puis avec la crise Covid, les prix du pétrole et la rentabilité de la production se sont effondrés. Le raffinage a été plus résilient toute comme la demande en produits pétrochimiques.

Total a-t-il besoin de garder ses raffineries en France ?

La question est sensible et il faut leur demander. Le raffinage est sous pression. La tendance lourde actuellement est une baisse de la consommation. Ce n'est pas la première fois que Total y est confronté. Après le premier choc pétrolier en 1973, la moitié des raffineries françaises a fermé en dix ans. Une deuxième vague de fermeture est arrivée après 2000, notamment avec la fermeture de la raffinerie de la Mède en 2016. On a encore aujourd’hui trop de capacité de raffinage au regard de la demande future.

La demande intérieure est-elle le seul critère pour maintenir des raffineries ?

Non, le critère qualitatif est important. Certaines raffineries sont au centre d’installations pétrochimiques qui permettent de valoriser le produit du raffinage. Les mettre à l’arrêt aurait un impact sur ces industries en aval. Elles ont donc un avantage compétitif sur d’autres raffineries. C’est le cas de la raffinerie de Feyzin (région lyonnaise).

Donges n’est pas un site pétrochimique, est-ce son point faible ?

Oui. Elle n’est pas sur un site de pétrochimie mais elle a l'atout de sa situation. Le site peut recevoir facilement du brut (par la mer). C’est aussi la seule raffinerie de l’ouest de la France, avec un autre atout : son oléoduc de distribution de produits pétroliers vers la région parisienne.

Aura-t-on encore des raffineries en France dans dix ans ?

Difficile de le savoir. Si on en croit les politiques affichées, c’est demain la fin du pétrole en Europe, ce qui n’invite pas les raffineurs à investir. Cependant, compte tenu de l’inertie du secteur énergétique, nous continuerons encore longtemps à consommer des produits pétroliers. Les signaux faibles à repérer pour essayer de répondre sur l’avenir d’une raffinerie, c'est le niveau des investissements dans telle ou telle raffinerie. Une installation qui n’est pas régulièrement modernisée perdra sa rentabilité.

Les 400 millions investis à Donges pour désulfuriser les produits sont donc un bon signal ?

C’est de toute façon indispensable pour continuer à vendre des produits pétroliers. Il s’agit bien d'un investissement à long terme. On ne met pas autant d'argent pour une installation qu’on n’estime pas compétitive.

 

 > Lire l'entretien sur le site du journal Ouest France

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Olivier APPERT

Intitulé du poste

Conseiller, Centre énergie et climat de l'Ifri

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