États-Unis : la NRA, les armes et les enfants
Y aura-t-il un sursaut et une mobilisation véritables aux États-Unis contre les armes à feu et le lobby de la NRA ?
Aux États-Unis, le droit de posséder des armes, consacré par le second amendement, constituait au départ un enjeu de libération des colons par rapport au pouvoir britannique. Une fois le territoire conquis et urbanisé, au XXe siècle, certains épisodes de désordres et de violences ont amené le Congrès à adopter des lois restreignant le port d’arme : dans les années 1930 après les crimes commis par les gangsters et les mafias pendant la prohibition ; dans les années 1960, après l’assassinat des Kennedy et de Martin Luther King ; dans les années 1990, après l’attentat contre Ronald Reagan. Le massacre intervenu dans un lycée à Parkland, en Floride, le 14 février dernier, pourra-t-il déclencher une nouvelle période de contrôle ?
Le lobby des armes à feu, la National Rifle Association, créée en 1871 pour former les chasseurs du dimanche à l’emploi de leur fusil, est devenue depuis les années 1970 l’un des vecteurs du conservatisme le plus rigide. Elle s’oppose à toute mesure restrictive, qu’il s’agisse de contrôler les antécédents des acheteurs, de réguler les ventes en ligne, lors des foires ou entre États ou d’interdire les fusils d’assaut. La NRA finance presque tous les élus républicains du Congrès, garantissant leur obéissance à ses injonctions.
Armer tout le monde
Ainsi, au massacre de Parkland, la NRA apporte la même réponse qu’à celui de l’école primaire de Sandy Hook en 2012 : il ne faut pas moins armer les gens, il faut armer tout le monde – y compris et surtout les instituteurs. Le lobby des armes dessine un pays libertarien, où les citoyens n’ont pas délégué la mission de protection à la force publique et restent responsables, individuellement, de cette mission, avec toutes les dérives que cela comporte.
Mais cette fois-ci, les lycéens et les étudiants se sont saisis du problème. Ils préparent une manifestation nationale pour le 24 mars, la « Marche pour nos vies ». Le président Trump a tenu des propos contradictoires sur l’affaire, reflétant sans doute les propos de ses différents conseillers. Tout va dépendre de l’attitude des élus du Congrès, pris entre un lobby inexorable et des électeurs dont les enfants sont en danger dans leur propre école.
Média
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