États-Unis : le pays de l’oncle Sam est-il toujours une superpuissance énergétique ?
En quelques années, les États-Unis sont devenus le premier producteur mondial d’hydrocarbures et les élections ne devraient rien y changer. Il y a un consensus dans le pays pour que l’énergie reste bon marché et l’abondance du gaz et du pétrole donne un avantage compétitif énorme aux entreprises américaines.
Quel que soit le vainqueur de la présidentielle américaine, une chose ne va pas changer : les États-Unis devraient rester le plus grand producteur au monde de pétrole et de gaz, devant l’Arabie saoudite et la Russie. Jamais dans l’histoire, ils n’en ont produit autant, au point d’être devenus depuis cinq ans exportateurs nets de ces combustibles fossiles.
« Beaucoup de gens en Europe ne mesurent pas l’impact de ce qui se passe là-bas. Aujourd’hui, les États-Unis affichent un niveau de réserves d’hydrocarbures semblable à celui de l’Opep », explique Anna Creti, directrice de la chaire d’économie du climat et de la chaire d’économie du gaz à l’université Paris Dauphine.
La révolution du gaz et pétrole de schiste
À la mi-octobre, le rythme d’extraction de pétrole atteignait ainsi le niveau record de 13,4 millions de barils par jour, selon les statistiques du département américain de l’énergie. Soit quasiment 5 millions de plus par rapport à il y a cinq ans, une hausse de près de 60 %… La croissance est tout aussi spectaculaire pour le gaz. Jusqu’en 2016, les États-Unis n’exportaient pas de gaz naturel liquéfié (GNL). Ils en sont devenus le premier exportateur mondial l’an dernier, devant l’Australie et le Qatar.
Fracturation hydraulique et forages horizontaux
Dans les deux cas, ce résultat est lié à l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, appelés aussi non conventionnels. Les molécules sont incrustées directement dans la roche plutôt que logées dans des nappes. L’aventure a démarré il y a à peine vingt ans et elle est liée à une double révolution technologique. Il y a d’abord la fracturation hydraulique, décriée par les défenseurs de l’environnement pour les produits chimiques qui sont utilisés, et ensuite le développement des forages horizontaux, dont certains dépassent maintenant les dix kilomètres de longueur.
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Dépendance européenne au gaz américain
Début 2024, le président américain Joe Biden avait malgré tout annoncé un moratoire sur la construction de nouveaux terminaux d’exportation de GNL, en évoquant la « menace » climatique, mais sans remettre en cause les projets déjà lancés. Et ils sont nombreux. Sept terminaux sont aujourd’hui en service et cinq autres doivent voir le jour.
« Entre 2022 et 2026, la capacité américaine d’exportation de GNL va croître de 60 % », rappelle Olivier Appert, conseiller du Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Un point important pour l’Europe, qui a déjà largement remplacé ses livraisons de gaz russe par des cargaisons de gaz américain, au point que certains y voient le remplacement d’une dépendance par une autre.
En fonction du locataire de la Maison-Blanche, l’administration pourrait ainsi se montrer plus ou moins exigeante, notamment sur les volumes d’exportation de GNL, réservés aux pays ayant signé un accord de libre-échange avec les États-Unis. Pas question non plus que cela fasse monter les prix pour les consommateurs américains.
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