Géopolitique de la smart city
Idée. La ville intelligente - smart city en français 2.0 - ne relève pas uniquement du débat savant sur le mirage urbain ou du propos mesuré sur les transformations des modes de vie. Le sujet, avec une récente note de l'Ifri, entre dans le champ géopolitique.
Une belle étude sur le modèle chinois de smart city - ou de « ville sûre » (« safe city ») - souligne combien des ambitions et des trajectoires peuvent différer. D'un côté, la Chine développe et exporte ses technologies et son droit peu soucieux des libertés, pour des territoires bien surveillés et administrés. De l'autre, l'Occident veut optimiser ses métropoles et leurs aménités.
Intérêt. La compétition technologique et commerciale se conjugue ici à des visions du monde et de la ville qui divergent. L'habitant lambda des villes ne bénéficiera certainement pas de l'intégration harmonieuse de toutes les avancées numériques. Les tensions sino-américaines vont nourrir des systèmes d'exploitation bien distincts et peut-être à l'avenir encore davantage divergents. C'est même un « découplage technologique » entre deux modèles, avec deux infrastructures techniques et juridiques déconnectées, qui pourrait prévaloir. Le marché de la ville intelligente n'est pas vraiment le doux commerce…
Julien Damon, chroniqueur pour Les Echos
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