Guerre en Ukraine : cinq minutes pour comprendre la possible instauration de la loi martiale en Russie
L’instauration de la loi martiale en Russie, que le renseignement américain estime probable, permettrait à Vladimir Poutine de mobiliser les conscrits, les réservistes et toute l’économie russe. Elle inscrirait définitivement le conflit dans une guerre longue.
L’alerte vient du renseignement américain, dont les prédictions sur le conflit se sont souvent révélées exactes depuis quelques mois – il avait prédit l’invasion russe en Ukraine. La cheffe du renseignement américain, Avril Haines, juge « probables » une « trajectoire plus imprévisible et potentiellement une escalade » dans les prochains mois, avec notamment une étendue du conflit à la Transnistrie, une région séparatiste prorusse située à la frontière ukrainienne en Moldavie.
Les Américains s’appuient probablement sur des renseignements et des analyses (pour la loi martiale), précise Dimitri Minic.
« L’armée russe a besoin d’hommes. Elle aurait perdu entre 10 000 et 20 000 hommes. On estime qu’elle a subi des pertes matérielles importantes, notamment en termes de véhicules blindés, puisque près de 2000 unités seraient hors de combat. La déclaration d’une mobilisation générale, ou partielle, est donc probable si le Kremlin fait un constat rationnel des pertes humaines et matérielles. »
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Qu'est-ce que cela changerait ?
Beaucoup de choses.
« La Russie se retrouverait avec plusieurs centaines de milliers d’hommes en plus, entre 500 000 et un million », prédit Dimitri Minic.
L’instauration de la loi martiale permettrait à Vladimir Poutine de mobiliser les conscrits à partir de 18 ans et de les envoyer sur le front. « Ils pourront servir à des tâches subalternes, de la logistique. » La réserve russe, composée d’anciens conscrits et de contractuels, pourrait aussi être mobilisée, même si « une infime partie est prête au combat ».
La loi martiale permettrait par ailleurs à l’armée d’assurer le maintien de l’ordre à la place de la police en Russie mais aussi de durcir encore les lois en vigueur, avec des censures, des couvre-feux ou encore des restrictions de marchandises. L’Etat pourrait également interdire les grèves et les manifestations et imposer du travail forcé.
« Il y aurait aussi la mobilisation des infrastructures économiques, administratives et industrielles russes afin de passer à une économie de temps de guerre, avance Dimitri Minic. Cela permettra à la Russie de remplacer les munitions et le matériel perdus. »
Selon le chercheur, la loi martiale inscrirait définitivement l’invasion russe dans « une guerre longue ».
« Poutine a sous-estimé la quantité de forces nécessaires pour battre l’armée ukrainienne, analyse-t-il. La loi martiale, ce serait un aveu de faiblesse militaire et stratégique pour la Russie, qui a été dans l’incapacité de prévoir la nature de cette guerre, la réaction de l’Ukraine et surtout de l’Occident. »
Média
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