Guerre en Ukraine : la centrale nucléaire de Zaporijia, une arme de chantage pour Poutine
Contrôler la plus grande centrale nucléaire d'Europe offre au chef du Kremlin, prêt à prendre tous les risques, un moyen de pression sur Kiev. Et sur les Occidentaux.
Le sort de la centrale nucléaire de Zaporijia n'a pas fini de donner des sueurs froides aux Occidentaux. Au cours de la journée du jeudi 25 août, des incendies causés par des bombardements ont conduit le site, contrôlé par les forces russes, à être "totalement déconnecté" du réseau national ukrainien. Une première depuis la mise en service du complexe industriel, il y a près de quarante ans, qui a fait craindre un accident dans la plus grande centrale nucléaire d'Europe. L'installation a finalement été raccordée ce vendredi, après des vérifications pour s'assurer que les systèmes de sécurité du site fonctionnaient normalement.
Ces dernières semaines, la centrale a été la cible de plusieurs bombardements, dont Russes et Ukrainiens se renvoient la responsabilité. Tombée aux mains de l'armée de Poutine au mois de mars, cette prise de guerre présente un intérêt stratégique certain pour le chef du Kremlin.
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"Poutine sait très bien que cette situation suscite la peur, parce que l'on a encore en tête les drames de Tchernobyl ou plus récemment de Fukushima, note Héloïse Fayet, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri), spécialiste des questions de prolifération nucléaire. Mais au-delà de ce type de considération, détenir cette centrale présente aussi l'intérêt tactique de priver l'Ukraine d'une part importante de sa capacité de production électrique."
"Arme à double tranchant"
Devant les craintes soulevées ces dernières semaines par la dégradation de la situation sécuritaire sur le site, la conseillère du ministre ukrainien de l'Energie, Lana Zerkal, a indiqué jeudi qu'une mission d'inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) était attendue dans la centrale "la semaine prochaine". De leur côté, les Nations Unies avaient auparavant appelé à "démilitariser" la zone pour écarter tout risque pour les installations nucléaires, et permettre l'envoi d'inspecteurs internationaux.
Signe de l'inquiétude ambiante, le président français Emmanuel Macron s'est fendu ce vendredi d'une mise en garde en marge de son déplacement à Alger : "La guerre en aucun cas ne doit porter atteinte à la sûreté nucléaire du pays, de la sous-région et de nous tous. Le nucléaire civil doit être totalement protégé."
Un accident à la centrale nucléaire de Zaporijia ne serait toutefois pas seulement catastrophique pour l'Ukraine et l'Europe, notent les experts. "Avoir le contrôle de cette centrale est une arme à double tranchant : bien utilisée, elle peut certes servir de moyen de pression, souligne Héloïse Fayet. Toutefois, en cas d'accident, sa proximité avec la Russie entraînerait également des conséquences extrêmement néfastes pour ce pays."
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