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Guerre en Ukraine : l'armée russe a-t-elle vraiment les moyens de s'enfoncer dans une guerre longue ?

Interventions médiatiques |

cité par Hugues Maillot pour

  Le Figaro
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Engagées pour une guerre éclair, les troupes russes se trouvent finalement confrontées à une résistance acharnée. Si bien qu'en standards récents, elles perdent une quantité non négligeable de leurs capacités humaines et matérielles.

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Un conflit armé moderne s'accompagne systématiquement d'une guerre de l'information. Et donc des chiffres. Combien de victimes dans chaque camp ? Combien de matériel détruit, abandonné, capturé ? La guerre entre l'Ukraine et la Russie ne déroge pas à la règle. Les bilans, communiqués par les deux pays, sont évidemment à prendre avec une grande prudence. Mais dans le camp russe, les remontées sont impressionnantes. Si le ministère de la Défense annonçait récemment 500 soldats du Kremlin tués, l'Ukraine en dénombrait plus de 12.000. La vérité doit certainement se situer à mi-chemin : 2000 à 4000 morts, comme l'estiment les États-Unis ? Cela situerait le bilan légèrement en dessous de celui de la Seconde guerre de Tchétchénie, où les forces russes avaient, selon leur bilan, perdu 4280 hommes… en un peu moins de 10 ans. Quand bien même «l'effort d'intensité n'a duré qu'environ six mois» à cette époque, tempère Dimitri Minic, spécialiste des forces armées russes au Centre Russie/NEI de l'Ifri.

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Des ressources humaines et matérielles colossales

D'un point de vue strictement comptable, la Russie a de la réserve. En comptant les 150 à 200.000 soldats vraisemblablement engagés actuellement en Ukraine, le pays peut s'appuyer sur 900.000 troupes d'active, dont 280.000 dans l'armée de terre, sans compter les quelque deux millions de réservistes. Sur le plan matériel, si la Russie a perdu énormément de chars dans l'absolu, elle en possède au total presque 3000 opérationnels (dont une majorité de vieux T-72 modernisés, mais aussi des T-80 et T-90 plus récents) et 10.000 en magasin, selon le Military Balance 2022 de l'International Institute for Strategic Studies (IISS). À cela s'ajoutent les 5180 véhicules de combat d'infanterie, les 1968 véhicules d'artillerie autonome et les 6000 véhicules de transports de troupes.

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Des trains entiers arrivent d'ailleurs de Russie vers l'Ukraine ces derniers jours, «transportant du matériel lourd, notamment des blindés», remarque Dimitri Minic.

«Poutine ne peut pas se permettre de perdre cette guerre, il est donc certainement prêt à y mettre les moyens, du moins à aménager sur le terrain les conditions les moins défavorables pour lui pour d'éventuelles négociations, sachant que pour l'instant sa position n'évolue guère», anticipe Isabelle Facon. 

Une intensité intenable sur le long terme

Au bout de deux semaines d'invasion, les pertes sont néanmoins «considérables», souligne Dimitri Minic. Pour une raison simple : «Ce qui se passe en Ukraine est une vraie guerre de haute intensité, à laquelle la Russie n'est plus habituée». Après une première phase «basée sur la déstabilisation, tentant d'appliquer le modèle américain des années 1990-2000», qui se traduit «par des frappes chirurgicales, rapides», les Russes ont été obligés, constatant leur échec, d'en engager une seconde depuis une dizaine de jours. Et elle est logiquement beaucoup plus coûteuse en hommes et en matériel. «On assiste vraiment à un effort conventionnel qui peut rappeler des conflits de grande ampleur d'une époque révolue en Europe», analyse le spécialiste.

 

Et cette cadence pourrait se poursuivre dans les prochains jours. Regroupés autour des villes, les Russes vont devoir engager massivement le combat urbain, réputé particulièrement meurtrier. Sont-ils prêts à sacrifier une grande quantité de soldats pour parvenir à leurs fins ? 

«Traditionnellement, dans la culture stratégique russe, les ressources humaines sont considérées comme une denrée inépuisable», rappelle Dimitri Minic. Contrairement aux Occidentaux, pour qui la mort d'un homme au combat est déjà vécue comme un échec. Deux scénarios sont alors envisageables : «Intensifier au maximum pendant les prochaines semaines, avec pour objectif de prendre Kharkov, Marioupol et Kiev à court terme» ou «retarder l'entrée des troupes dans les villes» en attendant de nouvelles ressources ou pour tenter une négociation en position de force, estime le chercheur.

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Dans tous les cas, «la position actuelle des Russes est intenable, à ce rythme, sur la durée», selon Dimitri Minic.

 

> L'article en intégralité sur Le Figaro

 

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Dimitri MINIC

Dimitri MINIC

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Chercheur, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri