Israël : l’extrême droite au pouvoir
Jeudi 29 décembre, Benjamin Netanyahu a été nommé premier ministre. Son gouvernement est le plus à droite de toute l'histoire du pays. Julie Gacon, en compagnie d'Alain Salles, reçoit Nitzan Perelman, doctorante en sociologie politique à l’université Paris Cité, ingénieure en sociologie au CNRS et Amélie Ferey chercheuse à l’IFRI.
Pouvez rappeler qui est Itamar Ben Gvir, nommé ministre de la Sécurité nationale dans le gouvernement de Benyamin Netanyahou investi le 29 décembre 2022 ?
Itamar Ben Gvir dirige le parti Puissance juive (Otzma Yehudit). Il défend un discours suprémaciste juif. Il a été condamné plusieurs fois pour incitation à la haine et a publiquement témoigné son admiration pour Baruch Kappel Goldstein, responsable du massacre de 29 palestiniens au Caveau des Patriarches à Hébron en 1994. Il souhaite s’affranchir de l’état de droit, au nom de ce qu’il présente comme l’intérêt de la population juive. En ce sens, il menace directement la démocratie.
Que pensez-vous de la réforme du système judiciaire que le gouvernement affiche comme une de ses priorités ?
Cette réforme vise à permettre au parlement de promulguer des lois même si les décisions de la Cour suprême s’y opposent. Ce projet présente le risque de voir advenir une tyrannie de la majorité en asséchant les différents contre-pouvoirs qui constituent l’état de droit. En parallèle de cette refonte institutionnelle, le Likoud et ses alliés ont développé ces dernières années une rhétorique fondée sur la notion de loyauté à l’Etat, stigmatisant ainsi certains associations israéliennes et palestiniennes de défense des droits de l’homme, à l’image de Bt’selem, présentées comme des traîtres à la nation. La démocratie israélienne est ainsi menacée au travers de ses institutions et de sa société civile.
Quels rapports entretiennent Israël et les Etats-Unis ?
Israël est conscient de l’importance de l’alliance avec les Etats-Unis et a tout intérêt à sauvegarder le consensus bipartisan qui rassemble les démocrates et les républicains autour du soutien à l’Etat juif. Toutefois, cette alliance ne signifie pas allégeance et Israël pourrait entreprendre des actions contre l’Iran, sans l’aval des Etats-Unis, si Téhéran franchissait une étape de plus dans l’acquisition de l’arme nucléaire. Rappelons que l'Iran a déjà dépassé le seuil d'enrichissement de son uranium de 60% et est en mesure d'atteindre un seuil de 90%, nécessaire à la fabrication d'une bombe, en quatre jours. Il restera ensuite pour Téhéran de miniaturiser la bombe et de la vectoriser, ce qui pourrait prendre plusieurs années. Israël mène déjà ce qu’il appelle la “guerre entre les guerres”, une doctrine qui consiste à procéder à des frappes aériennes principalement en Syrie pour éviter la constitution d’une armée de milices et à éliminer des responsables du programme nucléaire iranien, tout en recourant à des actions dans le domaine cyber. Pour des opérations de plus grande ampleur, telles que des frappes aériennes sur le territoire iranien, Israël aurait toutefois besoin de l’appui logistique américain.
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