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Kazakhstan : "Personne n'aurait pu prédire un tel scénario", explique un spécialiste de la région

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Les émeutes meurtrières dans le pays d'Asie centrale surprennent Michaël Levystone, chercheur à l'Institut français des relations internationales, même si depuis le mouvement de contestation en Biélorussie, "cela peut arriver partout".

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Personne n'aurait pu prédire un tel scénario dans ce pays qui était quand même un havre de paix depuis son indépendance en 1991", a expliqué jeudi 6 janvier sur franceinfo Michaël Levystone, chercheur au Centre Russie/Nouveaux Etats Indépendants de l’Ifri, l'Institut français des relations internationales, après les émeutes qui ont éclaté au Kazakhstan mardi et qui ont fait des dizaines de morts et un millier de blessés, selon des bilans donnés par des forces de l'ordre.

franceinfo : Pour quelles raisons les émeutes ont éclaté dans ce pays, qui semblait plutôt stable et solide ?

Le Kazakhstan est un pays très dépendant de sa rente pétro-gazière, et je pense que les différentes crises, les sanctions introduites contre la Russie par les Européens depuis 2014, et surtout la crise du coronavirus depuis deux ans, a quand même fait beaucoup de mal à ce pays. Quand vous budgétisez à partir d'un scénario d'un baril à 80 dollars, et que vous vous retrouvez avec un baril à 20 dollars, forcément, les rentrées d'argent ne sont pas du tout les mêmes. Il y a effectivement une dimension économique très forte dans les événements que l'on vit aujourd'hui.

N'y-a-t-il pas derrière ces mouvements de contestations, comme dans d'autres pays de la région, des revendications démocratiques ?

A l'évidence, oui, mais les scènes auxquelles on assiste au Kazakhstan depuis 72 heures, ce sont plutôt des scènes que l'on avait l'habitude de voir au Kirghizistan. Ce n'est pas des scènes qu'on a vues en Ouzbékistan, au Tadjikistan, sans même parler du Turkménistan, qui est un régime encore plus autoritaire que ne peut l'être le Kazakhstan.

Vous citez tous ces pays mais probablement pour la Russie de Vladimir Poutine, le plus stratégique et le plus important, c'est le Kazakhstan.

C'est le pays avec lequel la Russie partage une très longue frontière terrestre, environ 7 000 km. C'est un pays moteur dans l'intégration à l'échelle régionale. Toutes les organisations mises en place par Moscou dans cette région depuis la chute de l'URSS en 1991, que ce soit l'Organisation de coopération de Shanghai, l'Organisation du traité de sécurité collective ou l'Union économique eurasiatique, ont toutes été possibles grâce au Kazakhstan, état membre et fondateur de ces organisations.

 

"C'est un pays avec lequel Moscou a des relations économiques importantes en Asie centrale, son premier partenaire commercial."

Il y a des liens qui sont très forts, très imbriqués, avec une forte minorité russe tout au nord du Kazakhstan, qui représente un cinquième de la population totale du Kazakhstan. Donc les liens sont forts entre les deux pays.

 

Est-ce que cela signifie que Vladimir Poutine cherche à rétablir l'ordre ?

Oui, l'objectif pour Poutine est d'éviter que le désordre perdure à ses frontières, comme cela a pu être le cas d'ailleurs en Biélorussie. La logique est un petit peu la même. Montrer que Moscou ne tolère pas que, dans son espace stratégique, le désordre perdure et qu'on puisse assister à des scènes de chaos.

Néanmoins, aux frontières de cet empire, les flammèches s'allument un peu partout…

Un certain nombre de mouvements contestataires commencent à essaimer. On avait plutôt l'habitude de voir ces scènes de contestation populaire très violentes au Kirghizistan, qu'on avait vues à plusieurs reprises, en 2005, 2010 et en 2020. La Biélorussie a montré qu'il y avait vraiment un basculement de l'ensemble de cette région. On voit que maintenant, ça peut arriver partout. Pour le Kazakhstan, il y a quelques jours de cela, personne n'aurait pu prédire un tel scénario dans ce pays qui était quand même un havre de paix  depuis son indépendance en 1991.

>>Lire l'article sur le site de France Info<<

 

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Michaël LEVYSTONE

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Ancien chercheur associé, Centre Russie/Eurasie de l’Ifri