La Chine dépense sans compter pour moderniser l'Armée populaire de libération
Avec le deuxième budget militaire du monde, la Chine a depuis cinq ans quitté ses positions défensives pour forger une armée capable de se déployer à l'extérieur, avec l'espoir d'une réunification de Taïwan. Pékin n'a pas encore rattrapé Washington, mais certains développements, notamment dans le balistique ou le spatial, affolent le Pentagone.
La Chine serait-elle déjà devenue la première puissance militaire mondiale ? Les imposantes manoeuvres militaires effectuées à Taïwan en août dernier, en réponse à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi, ont fait craindre le pire. Dans la panoplie des équipements militaires, la Chine ne manque désormais plus de grand-chose. Un constat inquiétant, alors que Xi Jinping a réaffirmé, dimanche, son souhait de s'emparer de Taïwan, si nécessaire par la force.
Ses capacités balistiques, avec une gamme inégalée de missiles nucléaires et conventionnels, sont solides. Lors de son dernier grand défilé militaire avant Covid, en 2019, Pékin a fait parader pas moins de 36 missiles balistiques intercontinentaux, dont le gigantesque DF41 capable d'atteindre n'importe quel point aux Etats-Unis. L'an dernier, un essai de missile hypersonique a fait sortir de ses gonds le patron de l'industriel de la défense américain Raytheon, de peur que les Etats-Unis accusent un retard technologique.
Avoir la première armée du monde
La vitesse d'apprentissage de la Chine et son manque de transparence, notamment sur ses arsenaux nucléaires, inquiète. Avec l'avion de chasse Y-20, la toute récente mise en service d'un avion ravitailleur YU-20 et les projets de nouveau bombardier stratégique H-20, l'armée de l'Air s'approche des standards occidentaux.
La Marine, qui n'existait quasiment pas il y a quinze ans, se déploie désormais sur tous les océans, y compris en Méditerranée. En quatre ans, Pékin a construit l'équivalent de la marine française. En nombre, sinon en tonnage, la Chine aurait désormais plus de navires que l'US Navy ! Cet été, le pays a fêté avec des images dignes de Hollywood la mise à l'eau de son troisième porte-avions. Pékin avance sans hésiter : pour devenir la première puissance économique mondiale en 2049, il lui faut avoir la première armée du monde.
Son budget de défense s'élève désormais à quelque 250 milliards de dollars, soit un tiers du budget américain, mais 3,5 fois plus que celui de l'Inde. Il représente cependant moins de 2 % du PIB, ce qui permet aux dirigeants chinois de balayer d'un revers de main les accusations de « surarmement ». En nombre d'hommes, avec quelque 2 millions de soldats, voire 2,4 millions en intégrant la Police armée du peuple, la Chine est en tout cas déjà numéro un mondial.
Réforme au service de Xi Jinping
La hausse des dépenses militaires de la Chine a démarré avant l'arrivée de Xi Jinping, mais ce dernier a construit sa conquête du pouvoir avec des hausses budgétaires sans précédent, de nombreuses purges de généraux et une réforme menée dès 2016, pour resserrer les rangs autour de la Commission militaire centrale qu'il préside et qui fait de lui le chef des Armées.
« De 2012 à 2017, Xi Jinping a été à la conquête du pouvoir en remodelant l'armée et depuis il l'a utilisée au service de sa volonté de puissance internationale », résume le chercheur Marc Julienne à l'Ifri, qui vient de publier une note sur l'armée chinoise.
Ouverture d'une base militaire à Djibouti, mise au pas de Hong Kong, menaces sur Taïwan, poldérisation et militarisation des îles Spratleys et Paracel en mer de Chine, conflits à la frontière indienne... La Chine s'affirme.
Des lacunes
Pour autant les analyses sérieuses soulignent qu'elle n'a pas encore rattrapé les Etats-Unis.
« La Chine a encore des lacunes capacitaires », estime Marc Julienne, notamment pour se projeter hors de son territoire.
Il estime qu'il faudra attendre 2027 pour qu'elle dispose des capacités nécessaires à une offensive contre Taïwan.
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