La guerre en Ukraine entre dans son cinquième mois, quelle est la capacité d’endurance de l’armée russe ?
Pour compenser des pertes humaines très importantes, le Parlement a supprimé la limite d’âge pour s’engager. Les capacités du secteur militaro-industriel à refaire les stocks d’armement seraient encore assez robustes.
L’une des principales inconnues de la guerre en Ukraine, alors que le conflit entre dans son cinquième mois de combats, repose sur la capacité d’endurance de la Russie. Une résilience sur laquelle les sources manquent et d’autant plus difficile à évaluer que l’opacité demeure, aussi, autour des capacités militaires ukrainiennes et des livraisons d’armes occidentales.
Officiellement, l’ex-Armée rouge a perdu très peu d’hommes depuis le début du conflit. Son dernier bilan, publié le 25 mars, faisait état de 1 351 soldats tués et 3 825 blessés. Depuis, aucune indication n’a été donnée par Moscou. Selon les analystes, ces pertes seraient en réalité dix fois plus importantes, au minimum.
« En quatre mois, l’armée russe a probablement perdu plus de 10 000 hommes, estime Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI). C’est considérable, surtout dans une armée qui manque d’infanterie. »
Certains bataillons russes ne compteraient plus qu’une trentaine d’hommes, contre 600 à 800 en temps normal, affirme le ministère de la défense britannique.
Arsenaux hérités de l'ère soviétique
Signe de cette hémorragie, Moscou multiplie les initiatives pour regarnir ses bataillons. Fin mai, la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a supprimé la limite d’âge pour s’engager dans l’armée, auparavant fixée à 40 ans. Désormais, tous les citoyens n’ayant pas atteint l’âge de la retraite, actuellement fixé à 61,5 ans, peuvent rejoindre les rangs de l’armée russe. De même, les autorités militaires ont considérablement augmenté les soldes versées aux nouvelles recrues. Le recours aux forces tchétchènes de Ramzan Kadyrov ou aux mercenaires du Groupe Wagner est aussi largement documenté.
Le président russe, Vladimir Poutine, peut également décréter la mobilisation générale.
« Dans cette hypothèse, les ressources en hommes sont considérables : la réserve compte environ 2 millions d’hommes et les conscrits moins de 300 000 par an », assure M. Minic, de l’IFRI.
Mais la décision est politiquement sensible tant elle entre en contradiction avec le terme d’« opération militaire spéciale » utilisé par le chef du Kremlin pour qualifier la guerre en Ukraine. De plus, le niveau des réservistes russes est sujet à caution.
Côté équipements militaires, l’Ukraine revendique avoir mis hors d’état quelque 1 500 chars de combat russes, 3 600 véhicules blindés, 750 pièces d’artillerie ou encore 210 avions depuis le 24 février. Des chiffres « considérables » selon les spécialistes, même si tous s’accordent à dire qu’ils sont surévalués.
« Environ 800 chars ont été perdus, soit environ 7 % des effectifs de toute l’armée russe, même si on s’approcherait plutôt des 10 % à 15 % si l’on ne considérait que les chars réellement prêts à être envoyés au combat », détaille le chercheur de l’IFRI.
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