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« La guerre russe en Ukraine est entrée dans une nouvelle phase, militaire, idéologique et géopolitique »

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  Le Monde
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La stratégie de Moscou en Ukraine marque un tournant. Les négociations sont dans l’impasse, l’offensive militaire se concentre sur le Donbass et le Sud-Est. L’acte II de la guerre s’annonce plus dur encore et les Européens n’ont d’autre choix que de s’y impliquer davantage, observe dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ». 

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Au moins, les choses sont claires. A son tour, le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a fait le voyage à Moscou, lundi 11 avril, dans l’espoir que, représentant un pays non membre de l’OTAN, il pourrait arracher quelque chose, un cessez-le-feu, une concession peut-être, à Vladimir Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine. Lui aussi s’est cassé les dents. Cela « n’a pas été une visite amicale », a-t-il reconnu sur le chemin du retour. Cet entretien, « dur », avec un président russe « massivement pénétré d’une logique de guerre » l’a rendu « plutôt pessimiste ».

Il y a de quoi. Les crimes de guerre commis par l’armée russe dans les environs de Kiev ont marqué un tournant. Même le président français Emmanuel Macron, adepte du maintien du fil du dialogue avec M. Poutine envers et contre tout, ne lui a plus parlé depuis le 29 mars. Mais surtout, sept semaines après son déclenchement, la guerre russe en Ukraine est entrée dans une nouvelle phase, militaire, idéologique et géopolitique. Et l’acte II de ce drame européen s’annonce plus dur encore.

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  • Nouvelle phase idéologique

De Moscou émanent ces dernières semaines des textes et interviews de plus en plus enflammés sur les raisons de l’opération russe. On exhume un livre prémonitoire de 2006, « Le Troisième Empire. La Russie comme elle devrait être » (non traduit), écrit par Mikhaïl Iouriev, ancien vice-président de la Douma disparu en 2019, qui décrit avec une étonnante précision la guerre de Géorgie en 2008, l’annexion de la Crimée et l’occupation de Donetsk et de Louhansk en 2014, puis l’invasion actuelle de l’Ukraine. L’ouvrage, notent ceux qui l’ont lu et commenté, est un modèle de « médiévalisme postsoviétique, une idéologie anti-occidentale et antidémocratique qui assigne à la “civilisation orthodoxe russe” un rôle dominant sur l’Europe et les Etats-Unis ».

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De leur côté, face à la violence de l’offensive et à la barbarie de certaines unités russes, les Ukrainiens se radicalisent également. Galvanisés par l’héroïsme de leur résistance, ils sont convaincus qu’elle ne peut se solder que par la victoire. Même si le président Volodymyr Zelensky reste ouvert à la négociation, le compromis sera difficile. Pour l’Ukraine, cette guerre est vraiment existentielle – pour elle et pour l’Europe, qu’elle estime défendre. « Qui mieux que l’Ukraine se bat en ce moment pour la sécurité de l’Europe ? », demandait vendredi Igor Zhovkva, l’un des conseillers du président Zelensky, dans un entretien à distance organisé par l’Institut français des relations internationales (IFRI). Clairement, l’enjeu politique de la guerre dépasse largement l’affrontement Moscou-Kiev.

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