L’Allemagne risque de devenir ingouvernable
La forte poussée de l’extrême droite et de l’extrême gauche nationaliste en Thuringe et en Saxe fragilise encore plus la coalition au pouvoir à Berlin. Les élections générales auront lieu dans un an.
Les faits - À un an des législatives, Olaf Scholz, le chancelier social-démocrate, a qualifié d’« amers » les résultats de dimanche, qui illustrent l’impopularité du gouvernement qu’il dirige depuis fin 2021. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti anti-migrants, eurosceptique et pro-russe, est devenue la première force politique en Thuringe et talonne les conservateurs en Saxe, deux Länder de l’ex-RDA. Olaf Scholz a exhorté « tous les partis démocratiques à former des gouvernements stables sans l’extrême droite. L’AfD nuit à l’Allemagne. Elle affaiblit l’économie, elle divise la société et elle ruine la réputation de notre pays », a-t-il ajouté.
Comme la France l’est depuis bientôt deux mois, l’Allemagne serait-elle en train de devenir ingouvernable ? Les résultats des élections régionales de dimanche, en Saxe et Thuringe, provoquent un choc politique outre-Rhin, avec la forte progression de l’extrême droite (AfD) et de l’extrême gauche nationaliste (BSW). Pour la première fois depuis 1945, un parti aux accointances néonazies est arrivé en tête d’une élection. Trente-cinq ans après la réunification, l’Est de l’Allemagne n’a pas rejoint les valeurs libérales majoritaires à l’Ouest : l'échec politique est patent.
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Même s’il s’agit d'élections locales dans des régions de l’Est, où les grands partis de l’Ouest sont moins puissants, les scrutins de Saxe et de Thuringe sont une déroute pour les trois partis de la coalition (SDP, Verts et FDP) au pouvoir à Berlin. Ensemble, ils n’obtiennent qu'à peine plus de 10% des voix...
Il est toutefois très peu probable que cela entraîne la démission du gouvernement Scholz et la convocation d'élections anticipées. « Personne n’y a intérêt », assure Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), « ce serait comme une dissolution après des élections perdues...».
D’autant que les trois partis de la coalition sont parvenus, début juillet et après d'âpres discussions, à s’accorder sur le budget 2025. Sur fond d'économie atone, la campagne électorale pour 2025 va, en revanche, s’engager rapidement - autant dire que l’Allemagne sera, dès les prochaines semaines, aux abonnés absents au niveau européen et international. A un an des élections, le paysage politique semble plus éclaté que jamais, si l’on en croit les sondages. Mais l’histoire électorale récente a montré que les choses pouvaient beaucoup bouger, jusqu'à la veille du scrutin.
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Il est toutefois très peu probable que cela entraîne la démission du gouvernement Scholz et la convocation d'élections anticipées. « Personne n’y a intérêt », assure Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), « ce serait comme une dissolution après des élections perdues...».
Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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