L'Allemagne a-t-elle sous-estimé le "poison du racisme" ?
Les attentats d’Hanau du 19 février dernier réactivent l’actualité de la menace terroriste en Allemagne. Le « poison du racisme » a-t-il été sous-estimé outre-Rhin ? Quels sont les liens entre le parti anti-migrants Alternative pour l’Allemagne (AfD) et la violence d’extrême droite ?
La semaine dernière, un individu a provoqué la mort de neuf personnes en ouvrant de feu dans deux bars à chicha de la ville de Hanau, à quelques kilomètres de Francfort. Un événement qui, après l’assassinat du préfet Walter Lübcke et l’attentat contre la synagogue de la ville de Halle, a signé la permanence d’une extrême-droite raciste et meurtrière.
Pourtant, c’est dès le début des années 2000 que celle-ci s’est manifestée par un groupe qui a commis neuf meurtres, la NSu, clandestinité nationale socialiste.
Ce qui était apparu jusqu’alors comme des actes racistes isolés, provoque aujourd’hui un sentiment étrange : l’Allemagne, qui s’était sentie jusqu’à il y a peu immunisée contre le retour du racisme et de l’antisémitisme, n’a-t-elle pas surestimé sa capacité de défense contre le poison du racisme ?
Les racines historiques de l'extrême droite allemande
- Nele Wissmann note que déjà après guerre, l'extrême droite était présente en Allemagne mais que "c'est vraiment à partir de 2002 que l'Allemagne commence à avoir des statistiques sur les crimes d'ordre politique qui sont motivés par l'idéologie d'extrême droite".
L'extrême droite est présente à la fois dans les cellules néo-nazis mais aussi dans un parti comme l'AfD, qui crée un climat politique qui fait que ces cellules sont aujourd'hui prêtent à passer à l'acte. Nele Wissmann
- D'après Nele Wissmann, nous assitons à l'embourgesoisement et à la radicalisation de l'extrême droite : "L'AfD fait partie du paysage politique, ils sont présents au Bundestag et dans les Länder, et en même temps, ils sont aujourd'hui beaucoup plus violents. Ils sont prêts à passer à l'acte parce que, justement, ils pensent que de toute façon, avec un parti qui est au Bundestag, il ne va rien se passer".
- L'anti-antifascisme est représenté selon cette dernière par "des militants nationalistes autonomes, notoirement présents à Dortmund, qui ont le même code vestimentaire que l'extrême gauche".
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Nele Wissmann, chercheuse associée à l'IFRI, spécialiste de l'Allemagne et des migrations, auteure de la note « Le Terrorisme d’extrême droite en Allemagne. Une menace sous-estimée ? », Notes du Cerfa, no 151, IFRI, décembre 2019.
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Hélène Miard-Delacroix, professeure d'histoire et de civilisation de l'Allemagne contemporaine à Sorbonne Université
- Franka Günther, directrice des "Rendez-vous de Weimar avec l’histoire"
> Ecouter l'émission sur le site de France Culture.
> Pour lire la Note de Nele K. Wissmann, téléchargez le pdf ci-dessous.
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