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Le putsch au Gabon , coup dur pour la France ? « Les relations sont anciennes , mais délitées »

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interviewé par Nicolas Ghorzi dans 

  Le Parisien
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À l’instar du Niger ou du Mali, un autre pays d’Afrique est déstabilisé par un putsch : le Gabon. Ce mercredi 30 août, des militaires de la garde républicaine avoir « mis fin au régime en place », après l’annonce de la victoire à l’élection présidentielle du sortant Ali Bongo. Ce dernier est désormais placé en résidence surveillée.

La France a condamné ce putsch et assure suivre « la situation de près ». Paris perd encore un allié dans la région. Chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales, François Gaulme estime pourtant que les relations franco-gabonaises se sont aujourd’hui « délitées ».

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À quand remonte le début de la relation entre la France et le Gabon ?

Les premiers traités datent de la fin des années 1830, quand la plupart des colonies françaises remontent aux années 1880. Libreville est ce qu’on appelle une vieille colonie, ce qui explique le lien particulier entre le Gabon et la France. Autre preuve de ce lien, lorsqu’en 1958, le général de Gaulle organise le référendum pour instaurer la Ve République, le président gabonais Léon Mba réclame le statut de département d’Outre-mer pour son pays. De Gaulle refuse. Il craignait que la France soit accusée de manipulation destinée à conserver des ressources en pétrole et en uranium. Indépendant en 1960, le Gabon d’Omar Bongo (1967-2009), va rester au cœur de la « Françafrique ».

Quelle est la nature des relations aujourd’hui entre ces deux pays ?

Si les relations sont anciennes, elles sont depuis quelques années en régression totale. Au niveau politique, elles se sont absolument délitées. La preuve la plus saillante est qu’en 2022, Ali Bongo a fait adhérer son pays au Commonwealth. Anglophone par son père, il s’est rapproché des Britanniques et des Américains.

Quels ont été les liens entre la classe politique française et le pouvoir gabonais ?

Omar Bongo, président de 1967 jusqu’à sa mort en 2009, a arrosé financièrement tous les partis français au pouvoir. D’abord, à droite, il aide Valéry Giscard d’Estaing, dont il se détourne en 1977, au moment de l’affaire des diamants de Bokassa. Puis, François Mitterrand. Beaucoup à l’époque s’attendaient d’ailleurs à ce que Mitterrand mette fin à cette relation particulière après son élection, ce qui n’a pas été le cas.

Comment cela s’est-il traduit ?

Un soutien d’abord militaire, inenvisageable aujourd’hui. En 1990, François Mitterrand envoie des militaires français au Gabon après la prise d’otages d’employés de la compagnie pétrolière Elf. Les auteurs de cette prise d’otage exigeaient le renversement du gouvernement. À l’époque, le chef de l’État français sauve le régime. Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont perpétué ces relations intéressées. En 2009, Nicolas Sarkozy se rend même aux obsèques d’Omar Bongo. Et entérine de fait la succession par son fils, Ali Bongo.

Quand s’opère la rupture ?

Avec l’élection en 2012 de François Hollande. Si le socialiste maintient les relations économiques, il gèle les relations politiques. Il est le premier président français à ne pas s’y rendre en visite officielle et s’efforce de prendre ses distances avec les potentats d’Afrique centrale. Emmanuel Macron est sur la même ligne. Il tient à ne pas s’immiscer dans la vie politique gabonaise. Parfois sans même défendre les intérêts économiques français, laissant les influences asiatiques et marocaines s’y développer. S’il s’y est rendu pour débuter sa tournée africaine en mars 2023, c’était simplement pour un sommet sur la forêt équatoriale lancé à l’issue de la COP27.

La France a pourtant fermement condamné le coup d’État survenu ce 30 août…

Oui, elle n’a pas vraiment le choix, après avoir condamné le putsch du 26 juillet au Niger contre le président Mohamed Bazoum. Mais une différence est à noter. Elle n’exige pas la remise sur son fauteuil présidentiel du président gabonais Ali Bongo, et le retour à l’ordre républicain comme au Niger, où l’élection a été démocratique et transparente. Aujourd’hui, le Gabon est à l’inverse une démocrature, les élections y ont été complètement manipulées et sans observateurs extérieurs.

Lire l'interview sur le site du Parisien.

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François GAULME

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Chercheur associé, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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