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Les cinq épisodes où Macron a imprimé sa marque en politique étrangère

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FOCUS - Partisan d'une approche pragmatique dans les relations internationales, Emmanuel Macron impose sa marque par la défense des accords sur le climat, le renfort du couple franco-allemand ou encore la relance des relations avec Poutine.

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Depuis son accession à l'Elysée, Emmanuel Macron a imprimé sa marque à l'international. Certains qualifient sa politique de «pragmatique» ou «réaliste». Thomas Gomart, président de l'institut français des relations internationales (IFRI), préfère le terme de «classicisme agile».

  • «Classique sur le fond, parce qu'il inscrit son action dans la continuité historique de la politique étrangère française, jalouse de son indépendance militaire et diplomatique», explique-t-il au Figaro. En ce sens, il romp avec une forme de néoconservatisme amorcé par Nicolas Sarkozy et poursuivi sous François Hollande. «Mais elle est agile dans la forme, par l'importance qu'il accorde à ses discours, aux symboles ou aux nouvelles technologies, et par le contrôle étroit de sa communication.»

De sa défense des accords de Paris sur le climat à la réception de Vladimir Poutine à Versailles, voici les cinq moments forts de la première année d'Emmanuel Macron où il a imprimé sa marque en matière de politique étrangère.

Vladimir Poutine reçu à Versailles

Le 29 avril 2017, Emmanuel Macron recevait Vladimir Poutine au château de Versailles. Un symbole fort à plusieurs titres: il mettait un terme à plusieurs mois de froid entre les deux pays sur fond de brouille sur le dossier syrien. Le président russe avait annulé sa dernière visite à Paris en octobre 2016, alors qu'il devait inaugurer le centre orthodoxe du quai Branly. Le geste était d'autant plus notable de la part d'Emmanuel Macron que Vladimir Poutine avait ouvertement pris partie contre lui pendant la campagne présidentielle française, allant jusqu'à recevoir Marine Le Pen à Moscou.

  • «Par cette rencontre, Emmanuel Macron a fait preuve de réalisme en établissant un dialogue direct avec Vladimir Poutine», estime Thomas Gomart. «Il a aussi montré l'importance symbolique qu'il accordait à la Russie en recevant Poutine au Grand Trianon, trois siècles après le séjour de Pierre Le Grand à Versailles.»

Mais les deux chefs d'Etats n'ont pas pour autant masqué leurs désaccords: Vladimir Poutine a totalement assumé avoir reçu Marine Le Pen, et Emmanuel Macron a eu des mots très durs à l'encontre de Russia Today (RT) et Sputnik, accusés de répandre des «contrevérités infamantes» et d'être des «organes d'influence», devant le président russe impassible.

«Make our planet great again»

Dès le début de son mandat, Emmanuel Macron s'est employé à tout faire pour maintenir les accords de Paris sur le climat. Ainsi, le retrait des Etats-Unis décidé par Donald Trump sonne comme un échec pour le président français. Le lendemain, il interpelle frontalement le président américain sur Twitter par le slogan: «Make our planet great again», pastiche de son slogan de campagne «Make America great again». Par cette sortie qui trouve un écho international, Emmanuel Macron affiche sa volonté de garder l'initiative malgré cet échec. «Il a compris que la diplomatie était de moins en moins une projection stratégique sur le long terme, et de plus en plus une question d'opportunités à saisir», estime Christian Lequesne, du centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI).

Emmanuel Macron annonce dans la foulée l'organisation du «One planet summit» pour sécuriser les avancées obtenues à l'issue de la COP21 de décembre 2015, mises à mal par le retrait américain. Parallèlement, il invite le président américain au défilé du 14 juillet. «C'est une manière de rompre l'isolement de Donald Trump, et de replacer la relation franco-américaine dans une perspective historique», juge Thomas Gomart.

Conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet 2017

Autre marqueur de la politique étrangère macronienne, le président affiche sa volonté de renforcer le couple franco-allemand et de relancer le projet européen. Dans le contexte du Brexit et de la fragilisation d'Angela Merkel à l'aube de son quatrième mandat, marqué par l'effondrement du SPD et la montée de l'Afd, Emmanuel Macron a les coudées franches pour reprendre l'initiative.

À l'issue du conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet 2017, la France et l'Allemagne proposent plusieurs avancées dans le domaine de la Défense: création de l'Alliance pour le Sahel, développement d'un «système de combat aérien européen»... Mais cette relance de la coopération fait face à plusieurs écueils.

«D'abord, le décrochage économique entre l'Allemagne et la France est loin d'avoir été surmonté, même si les réformes économiques lancées par Macron forcent le respect outre-Rhin», explique Hans Stark dans une note collective de l'Ifri publiée ce mois-ci*. Surtout, Emmanuel Macron défend la vision d'une Europe «à plusieurs vitesses», plaidoyer qui «n'a pas trouvé d'écho dans le contrat de coalition» qui a permis la sortie de crise gouvernementale à Berlin.

Sauver l'accord sur le nucléaire iranien

Autre sujet de confrontation avec le président américain, l'accord de Vienne de juillet 2015 sur le nucléaire iranien qu'Emmanuel Macron tente actuellement de sauver par une médiation périlleuse. Après un voyage à Washington pour convaincre son homologue américain de le préserver, Emmanuel Macron a finalement proposé une renégociation dans le cadre d'un accord «plus large». Une nouvelle position ensuite défendue devant les Russes, face à Vladimir Poutine déterminé à ne pas revenir dessus. Une position inflexible également partagée par l'Iran, qui menace de s'en retirer si les Etats-Unis décidaient de «dénoncer» l'accord le 12 mai prochain.

  • «La position française est inconfortable sur l'Iran, entre défense de l'accord nucléaire et discussion obligée sur la montée en puissance militaire de Téhéran», analyse Dorothée Schmid de l'Ifri.

Les frappes françaises en Syrie

Sur la Syrie, Emmanuel Macron est en rupture nette avec son prédécesseur. Si François Hollande a toujours refusé d'envisager un accord de paix impliquant Bachar al-Assad, son successeur développe une approche «réaliste». «Je n'ai pas énoncé que la destitution de Bachar al-Assad était un préalable à tout. Car personne ne m'a présenté son successeur légitime», a-t-il dit en juin 2017. Cette position a soulevé des critiques chez ceux qui estimaient qu'elle donnait un coup de grâce à l'opposition syrienne.

  • «La président revendique de “parler à tout le monde”, mais la diplomatie du “en même temps” est fragile dans les situations de tension aiguë», juge Dorothée Schmid.

Après le bombardement chimique dans la Ghouta attribué au régime d'Assad, Emmanuel Macron a pris sa première décision martiale en ordonnant en avril des frappes conjointes avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, mais hors du cadre de l'ONU.

  • «Sur la Syrie, beaucoup anticipaient un rééquilibrage pro-Assad mais Paris prend plutôt la tangente, réaffirmant que le chimique une ligne rouge difficile à faire respecter, et s'accrochant à un discours humanitaire qui masquer à la fois un manque de moyens et une certaine indécision politique», analyse Dorothée Schmid.

 

*Macron, an I: Quelle politique étrangère? Sous la direction de Thomas Gomart et Marc Hecker, Études de l'Ifri, avril 2018.

Voir l'article sur le site du Figaro.fr

 

 

 

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Thomas GOMART

Thomas GOMART

Intitulé du poste

Directeur de l'Ifri

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Hans STARK

Intitulé du poste

Conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri

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Dorothée SCHMID

Intitulé du poste

Responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri