Les élections allemandes, un risque pour l’agenda politique de Macron
Le parti vainqueur des élections, le 26 septembre, devra s’allier avec les Verts et/ou les libéraux du FDP, une situation inédite et porteuse d’incertitudes pour Paris. Surtout s’il tarde à former un gouvernement, comme ce fut le cas en 2017.
Entre eux, ministres et hauts fonctionnaires l’appellent la « PFUE ». Dans moins de quatre mois, la France prendra la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, dont Emmanuel Macron fixera en grande partie l’agenda au premier semestre de l’année 2022. Peu de ses prédécesseurs ont eu ce privilège : depuis 1995, la France n’a assuré cette fonction qu’à trois reprises – en 1995, en 2000 et en 2008. Et si l’élection présidentielle ne se gagne pas sur les sujets européens, le pouvoir macroniste entend clairement en faire un argument de campagne pour mobiliser son électorat, en portant des sujets résonnant dans le débat national, comme le climat, la réforme de la fiscalité internationale, la révision des accords de Schengen, la taxe carbone aux frontières, la régulation des géants du numérique, le salaire minimum européen ou l’autonomie stratégique de l’Union, voire sa défense.
Le chef de l’Etat pourra, aussi, y peaufiner sa stature de leader européen, alors que la chancelière Angela Merkel aura quitté le pouvoir. « L’occasion est unique, il n’y aura aucun autre poids lourd en Europe », résume Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP. Emmanuel Macron sera « en surplomb » de la scène politique française. « Il parlera du climat et de reconstruire la souveraineté sur le médicament quand les autres seront englués dans des discussions de politique politicienne », poursuit-il.
L’issue des élections allemandes, le 26 septembre, pourrait toutefois venir perturber cet heureux calendrier. Depuis plusieurs mois, les sondages outre-Rhin indiquent que ni les chrétiens-démocrates (CDU/CSU) ni les sociaux-démocrates (SPD) ne parviendront à dégager une majorité à eux seuls, et, surtout, qu’ils devront s’allier avec les Verts et/ou les libéraux du FDP, formant, pour la première fois depuis 1945, une coalition à trois partis. Une situation inédite et porteuse d’incertitudes pour Paris.
- « La France connaît bien le candidat du SPD Olaf Scholz, qui a repris le lead dans les sondages, et Armin Laschet [CDU/CSU], ils s’inscrivent dans une forme de continuité, explique Paul Maurice, chercheur à l’IFRI. Mais ce qui peut inquiéter, c'est que les Verts ou les libaéraux ne deviennent incontournables. »
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