Les États-Unis de retour en première ligne sur le front du climat
Après quatre ans d’absence, les Etats-Unis vont marquer jeudi leur retour en première ligne dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le sommet virtuel sur deux jours qu'ils ont convoqué est l'occasion pour Joe Biden de prendre le leadership de ce combat.
Le président américain a invité 40 dirigeants, dont les présidents chinois et russe, à participer à ce rendez-vous qui se tient à l’occasion de la Journée de la Terre et cinq ans jour pour jour après l’ouverture de la ratification de l’Accord de Paris.
Joe Biden compte dévoiler un plan d’investissements de 2000 milliards de dollars pour montrer l'exemple. Il s'agit aussi de prouver au reste du monde que les Etats-Unis sont des partenaires fiables.
Car "le problème, avec les Etats-Unis, est l'alternance politique", souligne Carole Mathieu, chercheuse à l'Institut français des relations internationales (Ifri), dans La Matinale de la RTS. "Ce qui va vraiment être déterminant, c'est dans quelle mesure Joe Biden arrivera à faire passer sur le plan domestique des mesures qui soient pérennes", explique-t-elle. "On sait que si dans quatre ans on a un nouveau président climato-sceptique, il suffira de revenir sur ces engagements".
Pour la chercheuse, il faudrait arriver à faire passer des mesures au Congrès, notamment en utilisant le levier budgétaire, en proposant un plan de financement des infrastructures. Mais il faudra aussi traiter le volet réglementaire. "Et là, il y aura possiblement plus d'oppositions de la part des républicains".
Préparer le terrain à la COP 26 de Glasgow
Ce retour des Etats-Unis au premier rang de la lutte contre le réchauffement climatique intervient aussi à un moment crucial. La COP 26 se tiendra en novembre prochain à Glasgow, en Ecosse. Elle a pour objectif de fixer de nouveaux engagements à la hausse et le sommet organisé par Joe Biden va donc faire office d'accélérateur dans cette perspective.
"On n'est pas dans un scénario comme celui de la COP 21 en 2015 où on cherchait à former un accord. Là, c'est toute l'année 2021 qui est elle-même une échéance", souligne Carole Mathieu. "Il faut donc que, d'ici novembre, on ait le plus possible de révisions des engagements pour 2030. Et aujourd'hui, on en est très, très loin".
A ce stade, il n'y a en effet guère que l'Europe, l'Argentine ou le Chili qui ont franchi le pas. Les autres pays sont dans le statu quo, voire dans un retour en arrière.
Sur le plan intérieur, il s'agit aussi pour Joe Biden de savoir si la société américaine est disposée à faire plus d'efforts pour le climat. Mais la politologue Nicole Bacharan remarque que les mentalités évoluent et que la question climatique commence à dépasser les clivages politiques.
"Beaucoup d'Etats comme les Etats du sud, la Floride, la Californie, subissent très durement des conséquences immédiates du réchauffement climatique", souligne cette spécialiste des Etats-Unis. "Donc la préoccupation ne peut faire que grandir, parce qu'on le vit au quotidien et qu'on voit d'année en année une aggravation de phénomènes climatiques très inquiétants"
Impératif climatique et opportunité économique
Ce sommet sera donc pour le président américain l'occasion de plaider que la lutte contre le changement climatique est un impératif vital, mais aussi une immense opportunité économique, des emplois et de la croissance.
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