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Les Nigérians face à l'effondrement de leur réseau électrique

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interviewé par Charlotte Cosset sur

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Depuis le début de la semaine, le Nigeria fait face à un effondrement quasi complet de son réseau électrique national. Une situation catastrophique dans un contexte marqué par l'explosion des prix du carburant qui sert à alimenter les générateurs, désormais seule source d'énergie. Car le Nigeria a beau être le premier producteur de brut en Afrique, le pays importe la quasi-totalité de son carburant raffiné. Les prix de l'essence – massivement subventionnée – restent stables, mais le prix du diesel, lui, s'est envolé.

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Tout semble presque normal dans ce snack de Lagos. Les lumières sont allumées et l'air conditionné fonctionne. Mais à quel coût ? Ces deux dernières semaines, le prix du diesel qui alimente le générateur de l'établissement a quasiment triplé. « À la base, le diesel coûte environ 40 centimes le litre. Mais d'un seul coup, il s'est mis à coûter 80 centimes. Et là, il est passé à presque 1,60 euro. »

Henry est le comptable de ce snack. Il décrit l'enfer quotidien pour s'approvisionner en énergie. « Quand il n'y a pas d'électricité à mon bureau, nous passons sur le générateur au diesel. Quand il n'y en a plus, nous utilisons des batteries. Chez moi aussi, je fais tourner mon générateur tous les jours, car j'ai un bébé qui ne supporte pas cette chaleur. Mais avec la pénurie d'essence dernièrement, c'était l'enfer. Une fois, je suis sorti à 7 heures du matin pour chercher du carburant et je ne suis revenu qu'à 17 heures le soir. »

Depuis deux semaines, les charges de l'atelier de couture d'Anas Musa Muhammed ont été multipliées par trois. Faute d'électricité, ce petit notable doit faire tourner ses générateurs jour et nuit. « Ça a commencé à se dégrader au début de l'année. Parfois, on avait cinq minutes d'électricité par jour, pas plus. Parfois, des semaines entières sans lumière du tout. La seule solution, c'est d'utiliser les générateurs, il n'y a pas d'alternative. On ne va pas rester là à rien faire. Avant, on pouvait tenir une journée de travail entière avec 10 euros d'essence pour nos deux générateurs. Aujourd'hui, je dépense plutôt 32,33 euros et les générateurs tournent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. »

Dans le quartier populaire et densément peuplé d'Obalende, beaucoup ont du mal à se nourrir. Même les prix de l'eau ont terriblement augmenté, selon Olaitan Olokowo, le président de l'association des propriétaires dans ce quartier pauvre. « Je dois prêter mon générateur pour faire fonctionner la pompe qui permet de tirer l'eau du puits. Avant, cette eau se négociait 40 centimes les 12 bidons. Aujourd'hui c'est 2 euros. »

Une crise qui pèse sur les foyers les plus démunis, s’inquiète Olaitan Olokowo. « Les problèmes ont commencé fin décembre, rappelle-t-il. C'est difficile pour les leaders communautaires de voir de plus en plus de gens mendier. C'est très triste. Si vous venez ici la nuit, vers minuit, 1 heures, vous verrez les gens dormir dans leur voiture ou bien dormir dans la rue, pour essayer de trouver un peu d'air frais. »

Au milieu de cette crise sans précédent, la ministre des Finances nigériane a confirmé ce week-end la suppression totale des subventions sur l'électricité, dont les tarifs ont légèrement augmenté au mois de février. Ce mercredi, le président nigérian Muhammadu Buhari s'est excusé publiquement pour les difficultés auxquelles font face les Nigérians actuellement.

C’est quelque chose de structurel. Les coupures de courant ont toujours été très fréquentes au Nigeria. En moyenne, un ménage ou une entreprise fait face à environ 30 coupures par mois. Les black-out sont plutôt liés à l’incapacité du réseau à répondre à la forte demande d’électricité des consommateurs… Hugo Le Picard, chercheur à l’IFRI sur le développement des systèmes électriques en Afrique

 

 > Écouter l'interview sur le site de RFI

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Hugo LE PICARD

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Chercheur associé, Centre géopolitique des technologies de l'Ifri

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