Les rêves de calife d’Erdogan : fantasme ou réalité ?
Jusqu'où ira l'escalade entre la Turquie et la Grèce en Méditerranée orientale ? La Turquie a-t-elle les moyens des rêves d'extension d’Erdogan ? Comment cette crise met-elle l’Union Européenne au défi ?
Pour en parler, nous recevons Ahmet Insel, économiste, éditeur et politologue turc. Il est auteur de “La Nouvelle Turquie d’Erdogan, du rêve démocratique à la dérive autoritaire”, La découverte 2017 ; ainsi que Dorothée Schmid, responsable du programme « Turquie contemporaine et Moyen-Orient » de l'IFRI (Institut français des relations internationales), auteure de “La turquie en 100 questions” (Tallandier, 2018).
Alors qu'Ankara et Athènes se disputent le partage des immenses ressources gazières en Méditerranée orientale, le président turc s'en est pris aux dirigeants de la Grèce et de la France, les qualifiant de « cupides et incompétents »
Erdogan a le sentiment de discuter à égalité avec les européens. Il n'a pas d'expressions aussi dures envers la Turquie ou l'Iran. Le président turque contrôle l'escalade car il veut obtenir la reconnaissance des ses intérêts en méditerranée orientale. Il relance l'éternelle querelle avec les grecs sur la délimitation des eaux territoriales". Dorothée Schmid
Des demandes turques légitimes ?
Il y a un problème en terme des zones d'intérêt économiques dans l’Égée car la ribambelles d'îles grecques sont proches des côtes turques. La Turquie a une position nationaliste très agressive. Le gouvernement grec serait prêt dans une situation d'accalmie de voir la définition territoriale. Ahmet Insel
L'enjeu libyen
"La Libye est une bonne illustration de l'opportunisme diplomatique turc. Quand il y a un lieu de crise où les occidentaux font défaut, les turcs arrivent et prennent la place. Comme ils ont réalisé plusieurs opérations militaires en Syrie en quelques années, aujourd'hui ils n'ont plus de difficulté à projeter leur forces au delà de leurs frontières. On a aujourd'hui quelques centaines de soldats et des milliers de mercenaires, pour prêter main forte au gouvernement légal, issu d'un accord international contre le maréchal Haftar. Le gouvernement libyen les a appelé à la rescousse et par ailleurs il y a une forme de complicité idéologique car c'est un gouvernement qui est plus proche de mouvances de type Frères Musulmans. Mais en face, le général Haftar est d'abord soutenu par les russes et on se retrouve avec un scénario russes contre turcs, comme en Syrie". Dorothée Schmid
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