L’Europe a besoin de solidarité pour croître sur les marchés des technologies bas-carbone
Le premier think tank français met l’Europe en garde contre les risques auxquels fait face son secteur cleantech. Son conseil : maintenir un front soudé, à commencer par l’alliance franco-allemande.
Selon une étude de l’Institut français des relations internationales (Ifri), l’Europe dispose d’un avantage technologique dans les onduleurs pour panneaux solaires et d’un potentiel considérable dans le domaine des batteries solides de quatrième génération, des batteries à flux et des nouvelles technologies de cellules photovoltaïques.
L’Ifri, seul centre de recherche français figurant cette année au ranking de l’Université de Pennsylvanie des think tanks les plus influents au monde, affirme que ces atouts de l’Europe doivent être mis à profit pour construire des filières industrielles stratégiques, créer des emplois, ajouter de la valeur sur le territoire européen et éviter une situation de dépendance technologique.
Le centre de recherche indépendant identifie de nombreux facteurs menaçant l’essor de l’industrie des technologies bas-carbone en Europe. Selon Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Carole Mathieu, les auteurs de l’étude, les obstacles potentiels relèvent également de politiques européennes privilégiant le « démembrement de groupes [industriels] pour renforcer la concurrence et ouvrir ses marchés, au détriment d’un objectif de leadership technologique ».
L’étude identifie la maîtrise des chaînes de valeur dans les technologies bas-carbone comme un enjeu de développement économique, de souveraineté énergétique et même de sécurité. Elle reproche aux pays du bloc de ne pas produire eux-mêmes les ressources naturelles nécessaires aux technologies qu’ils développent.
Métaux critiques
Les auteurs soulignent notamment les vulnérabilités en Europe dans les chaînes d’approvisionnement de métaux et de terres rares tels que le platine et le lithium. La répartition géographique de ces ressources et de leur exploitation minière soulève des défis pour la croissance de l’industrie européenne dans les technologies bas-carbone comme les batteries.
« L’UE dépend très largement des importations [de métaux critiques] pour couvrir ses besoins croissants car elle n’en produit pratiquement pas, alors qu’elle dispose toutefois de réserves non négligeables, en France notamment », affirme le rapport.
Les auteurs ajoutent que l’accroissement des prix et les taux d’intérêt bas pourraient en principe permettre de relancer une activité minière en Europe, mais que le cadre d’investissement y est relativement défavorable et que les oppositions sociétales sont prononcées.
Solution franco-allemande
Les chercheurs de l’Ifri estiment que les politiques européennes de l’énergie et du climat ne correspondent pas encore à une décarbonation profonde. L’adoption récente du Paquet énergie propre, et en particulier l’engagement de porter la part des énergies renouvelables à 32 % de la consommation énergétique finale, confirment selon eux la pérennité de l’engagement de l’UE mais la neutralité carbone que la région envisage pour 2050 implique des mutations socio-économiques profondes.
Pour mener à bien les transformations systémiques dans la gouvernance et les politiques publiques, ainsi que dans les stratégies des entreprises et des comportements des citoyens, l’étude de l’Ifri recommande qu’un tandem franco-allemand joue un rôle d’impulsion initial afin d’inciter d’autres pays européens volontaires à les rejoindre.
« Les deux pays mériteraient de faire le pari d’une union franco-allemande du climat qui travaillerait par petits et grands pas, à la fois dans le domaine de la coopération entre les deux pays, de l’UE et de la gouvernance mondiale », conseille l’Ifri.
> Lire l'article sur le site de pv magazine
Média
Partager