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L’Europe peut-elle se passer totalement du gaz russe ?

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cité par Matthieu Jublin dans

  Alternatives Economiques
Accroche

Près de trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, l’Europe se chauffe toujours en partie avec du gaz russe. Le pétrole et le charbon faisant l’objet d’un embargo, il s’agit du seul combustible fossile épargné par les sanctions européennes envers Moscou. Pourquoi l’Union européenne met-elle tant de temps à se sevrer, et finira-t-elle par y parvenir ?

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montage avec des oléoducs avec les drapeaux russe et européen
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©Vchal/Shutterstock
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Les flux de gaz russe vers l’UE ont certes été divisés par trois durant l’année 2022. L’Union a pu absorber cette baisse car, d’une part, sa demande de gaz a diminué de 20 %, en raison des économies d’énergie et de la hausse des prix. D’autre part, elle a diversifié ses sources d’approvisionnement, notamment grâce à l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) américain, transporté par navires méthaniers et importé via des terminaux portuaires.

Pourtant, depuis fin 2022, les importations de gaz russe se sont stabilisées. Elles atteignaient 45 milliards de mètres cubes en 2023, et ont même légèrement rebondi en 2024, à 50 milliards de m3. Ainsi, après avoir chuté à la quatrième place des fournisseurs de gaz de l’UE, la Russie est repassée au deuxième rang l’année dernière, derrière la Norvège mais devant les Etats-Unis.
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Vers des sanctions contre le gaz russe ?

Dès mai 2022, la Commission européenne s’est fixé comme objectif de supprimer progressivement le reste des importations de gaz russe d’ici 2027, dans le cadre du plan RepowerEU. Mais Dan Jorgensen veut « accélérer » cette sortie. Pour y parvenir, le social-démocrate danois a promis une feuille de route d’ici fin février.

Ce plan pourrait s’inscrire dans la 16e vague de sanctions européennes à l’encontre de Moscou, qui doit être annoncée d’ici au 24 février par la Commission. La piste d’une interdiction progressive du GNL russe est également examinée, selon Bloomberg. Ce serait une première.

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Qui consomme encore ce gaz russe ? Ces deux dernières années, la plupart des Etats européens se sont défaits de leur dépendance. Mais certains, en particulier la Hongrie, la Slovaquie et l’Autriche, ont continué de s’approvisionner majoritairement avec cette source d’énergie bon marché, moins chère que le GNL américain.

Cette situation a été bouleversée le 1er janvier 2025, date à laquelle le transit de gaz via l’Ukraine a cessé. Kiev a en effet refusé de renouveler ce contrat, la Russie étant ainsi privée de 6 milliards d’euros de recettes annuelles via ce canal, tandis que l’Ukraine tire un trait sur 700 millions d’euros de droits de transit par an.

Les pro-russes nostalgiques du gaz de Moscou

La fin de l’accord de transit a contribué à la hausse du prix du gaz, qui a dépassé les 50 euros par mégawattheure pour la première fois depuis plus d’un an. Elle a, du même coup, fait remonter les tensions politiques. Les gouvernements européens proches de Moscou rechignent en effet à se passer du gaz russe.

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Un problème politique plus que technique

Alors que l’UE s’est affranchie des deux tiers du gaz russe qu’elle importait avant 2022, ce sont les derniers mètres cubes qui pourraient poser le plus de problèmes. Non pas techniquement, mais sur le plan politique – à cause des sympathies pro-russes de certains pays de l’Est –, et sur le plan économique – car fermer la porte au gaz russe pourrait faire monter les cours mondiaux pour tout le monde.

Citations Auteurs

« Avec la rupture des livraisons par l’Ukraine le 1er janvier, il n’y a plus aucun pays de l’UE qui affiche une dépendance élevée au gaz russe, à l’exception de la Hongrie, ce qui est lié à la proximité avec Moscou », résume Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre pour l’énergie et le climat de l’Ifri.

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La Commission européenne estime pour sa part, dans une note de décembre, que « le système gazier européen dispose de capacités suffisantes pour faire face à la fin de l’accord de transit avec l’Ukraine », et que plusieurs routes existent pour approvisionner les pays d’Europe centrale et de l’Est en gaz non-russe, via l’Allemagne, la Pologne, l’Italie ou les Balkans.

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Article disponible dans son intégralité  sur le site d'Alternatives Economiques

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Matthieu Jublin

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

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Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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